La Rivièrette et ses moulins

La Rivièrette se forme en Thiérache, à Fontenelle, lieu dit « le Garmouzet »  à 215 mètres d’altitude à partir de deux sources. Sa longueur est de 20,3 kilomètres et sa pente de 0,4 %. D’abord appelé ruisseau de Beaurepaire sur environ 2,5 kilomètres elle prend ensuite le nom de Rivièrette à Beaurepaire sur Sambre, puis arrose Prisches et Le Favril avant de se jeter dans la Sambre à Landrecies.

Le bassin versant de la Rivièrette se trouve donc dans l’Avesnois. Les plateaux sont recouverts d’un épais dépôt argilo-sableux. Dans la vallée, des affleurements de marne compacte et très peu perméable ont pour conséquence l’absence d’importants aquifères.  Ce bassin versant profite donc d’un sous- sol argileux et d’un climat humide favorable aux herbages. Le paysage est rural et typiquement bocager, chaque parcelle étant entourée de haies vives.

Ses affluents :

Les deux petits ruisseaux issus des deux sources se rejoignent à l’affluent de la Ferme Sainte-Marie, situé à la limite de l’Aisne entre le lieu dit « Le Défriché » commune de Fontenelle et le hameau « Les Réteaux » commune de Floyon dans le Nord.

De là après un trajet de 500 mètres, la Rivièrette rentre dans le Nord en longeant la route de « Saint Jean ». Après avoir parcouru de nouveau un kilomètre elle trouve sur sa rive gauche l’affluent « le Gravier ». Elle pénètre dès lors dans le village de Beaurepaire puis sillonne le long de la route de Prisches avant de couper et de longer la route du « Bas Chemin » qui délimite les territoires de Beaurepaire et de Prisches. Elle est alors rejointe toujours rive gauche par l’affluent de « la Fontaine aux Moines ». Elle coule de nouveau en direction du « Pont d’Hazard » qui surplombe la route du Nouvion et elle traverse Prisches par le « Rejet du Moulin ».

A la sortie du village, à une altitude de 170 mètres environ, elle reçoit rive gauche l’affluent du « Petit Béart » avant de recevoir rive droite « le Rieu de Jument » au niveau du lieu dit « le Grand Béart ». Elle sinue ensuite sur le territoire du Favril où sur sa rive droite vient s’y jeter, à l’entrée de la rue du Waterlin, l’affluent « le Grand Debout ». De là elle serpente via « les Tricotteries », franchit la rue du Bois et chemine ensuite le long de la rue d’Ors et du Chemin de Razé. Elle passe ensuite sous la route de Guise où vient déboucher l’affluent « Le Sambreton ».

Entre la Goelle et Erruart, Hameaux à la fois de Prisches et du Favril, prend naissance « le ruisseau de la Grande Fontaine du bois du Toillon », qui serpente à travers le « Grand Saint Martin » et se jette dans la Rivièrette au lieu dit « Le Sambreton » à Landrecies.

La Rivièrette termine 1,5 kilomètre plus loin son parcours en se jetant dans le canal de la Sambre aux « Marais de la Folie ».

La Rivièrette et ses affluents

La Rivièrette a connu 4 moulins sur son cours pendant le XIX siècle : 1 à Beaurepaire ayant 2 tournants,  1 à Prisches à 1 seule roue, et 2 au Favril ayant l’un 2 roues et l’autre 1 seule.

BEAUREPAIRE-SUR-SAMBRE :

Antoine GARD et son épouse Véronique LANCIAUX tous deux originaires de Prisches, mariés en févier 1780  ont acquis « en arrentement  perpétuel de Messire Ignace GODEFROI, Comte de Lannoy, Seigneur de Beaurepaire, par un acte passé devant les mayeurs et échevins de la terre et seigneurie de la dite commune, le 18 avril 1782, un terrain de la contenance de 210 verges 7 pieds ou 2 rasières 66 verges 7 pieds, situé à Beaurepaire à la condition d’y construire des bâtiments et un moulin ».

Celui-ci a bien été érigé vers 1785. Il se situait sur la Rivièrette à la sortie de Beaurepaire direction Prisches, au niveau du chemin de Barzy dénommé de nos jours  « Le bas Chemin ».

En 1832, il tenait  « d’un côté par ses digues aux Sieurs Louis et Eugène MALLET, de l’autre au sentier de Prisches à Beaurepaire, adjacent à la propriété de Jean Baptiste CONTESSE et d’un autre côté au chemin de Beaurepaire à Barsis ».

Le moulin de Beaurepaire-sur-Sambre

Il fut constaté en date du 18 avril 1832 des plaintes des propriétaires voisins contre la tenue des eaux du moulin que possédait alors Antoine GARD fils, âgé de 52 ans, son père étant décédé en 1801 et sa mère en 1811. Antoine GARD était marié à Marie Victoire CAUDRON.

Il s’en suivit le 5 juin 1832 un rapport de l’ingénieur des Ponts et Chaussées qui constatait qu’il n’existait  « ni vanne ni déversoir ni aucune autre décharge que les vannes moleresses ».  De ce rapport apparaissaient les conclusions suivantes : le niveau des eaux était fixé à 1 m 31 au dessus de la surface supérieure de la pierre bleue existante dans le mur de la porte du moulin auprès des vannes moleresses.

La logique aurait été d’établir au point A (Voir plan ci-dessous) une vanne de même largeur que le ruisseau soit 1 m 50 à laquelle il suffisait d’adjoindre un déversoir ayant en superficie les mêmes dimensions. Les eaux sortant du bief suivraient alors la direction ABC. Or le Sr Eugène MALLET propriétaire de prairies adjacentes s’opposa  à ce trajet invoquant des risques d’inondations de ses pâtures à cause de la faible largeur du fossé en CG (60 centimètres). Dans ces conditions il fut préconisé l’établissement au point D d’une vanne ayant 1 m 50 de largeur et 1 m 60 de hauteur et d’un déversoir en maçonnerie avec la pose d’un repère en fer forgé indiquant la hauteur autorisée de la tenue d’eau.

Plan du 5 juin 1832

Un nouveau rapport des Ponts et Chaussées du 24 mai 1833 apporta quelques modifications au précédent rapport, à savoir la suppression d’une arche additionnelle à construire sous le chemin, l’ancien pont étant suffisant avec 1 m 30 de débouché.

Plan du 24 mai 1833

La Réglementation de la retenue fut alors imposée par ordonnance royale du 03/03/1834. Un procès verbal de visite des lieux, dressé le 13 septembre 1847 mentionna le respect des travaux demandés.

En 1851 le Sieur GARD décéda et le moulin fut démoli en 1858.

De nouvelles plaintes surgirent en février 1862 de la part de Sieur Adolphe Mallet contre Sieur Philippe Toussaint, charron à  Prisches, qui possédait alors cet ancien moulin en tant que gendre de Sieur Gard.

Les travaux de curage furent effectués en mai juin 1862 par le dénommé Toussaint :                                    largeur : 1 m 30 à 1 m 70 – hauteur des berges : 1 m à 1 m 10 – pente : 8 m par kilomètre.

Depuis cette date, l’endroit n’est plus qu’une habitation.

Beaurepaire Sur Sambre le Bas chemin 26/01/2014 Propriété de Mr WIART Kléber

La Rivièrette en sortant de cet ancien moulin entre immédiatement dans Prisches.

PRISCHES : 

Le moulin est situé dans la commune de Prisches au lieu dit « le Rejet du Moulin », le long de la route menant à La Groise.

Le moulin, rue du Moulin.

Plus précisément, ce moulin à farine était établi sur le cours même de La Rivièrette mais sur une longueur d’environ 400 mètres, le lit naturel était abandonné et des digues retenaient les eaux sur la rive gauche.

Cet état des lieux datait de l’époque où le moulin fut construit vers 1659 par le prince de Chimay, seigneur du village.

L’Édifice au XIX siècle :

Le moulin en lui-même était composé d’un bâtiment en L construit en pierres et en moellons alors que la maison d’habitation en était séparée.

Les ouvrages hydrauliques se composaient de deux vannes de décharge situées sur la rive gauche à environ 14 mètres du moulin, ayant celle de gauche 1,03 m de largeur et 1,25 m de hauteur avec une hausse, celle de droite 1,08 m de largeur et 1,45 m de hauteur. Le dessus des vannes n’était guère à plus de 20 cm en contrebas des prairies basses. Le dessous du chapeau qui était à 4,03 m au dessus du seuil des vannes était en pierres de taille. Les vannes étaient manœuvrées par des crics.

Il n’y avait pas de déversoir de superficie.

Le moulin se situant à environ 1068 mètres en aval de la route Prisches Le Nouvion comportait à 990 mètres en amont une vantellerie dite « des Hazards » placée à la tête du pont des Hazards et composée de deux vannes manœuvrées par des crics. Les vannes mesuraient 1,17 m de large, 2,07 m de hauteur et le dessous du chapeau était à 4,08 m au dessus du seuil. Son étang était supérieur au bief du moulin et sa digue longeait le chemin de Prisches au Nouvion sur une étendue de 4 à 500 mètres

Cette vantellerie était située à 78 mètres en aval du pont sous la route de Landrecies au Nouvion surélevée de 2 m par rapport aux vannes et à 25 mètres de l’ancien chemin vicinal.

Le droit de retenir l’eau dans « les Hazards » du 1er décembre au 1er mars était un droit reconnu dès l’origine du moulin par la communauté villageoise.

Vue d’ensemble avec sur la gauche la vantellerie et sur la droite le moulin.

La vantellerie « des Hazards », en travers du cours d’eau, était située à 990 m du moulin et à 78 mètres de la route départementale numérotée de nos jours D 32 Prisches le Nouvion et en 1868 appelée chemin de grande circulation n °72. (Document conservé en série S aux archives départementales du Nord).

Plan rapproché de la Vantellerie en 1868
Plan du moulin et de l’habitation en 1868
Moulin et habitation en 1883 (Sur le plan cadastral ne figure qu’une seule roue).

Un état complet des moulins à farine établi en 1809 par canton avec un récapitulatif départemental sur instructions du Bureau des subsistances du Ministère de l’Intérieur précise que le moulin de Prisches avait à cette date deux tournants c’est-à-dire deux roues. Il avait encore deux roues en 1847 selon une correspondance du meunier adressée le 18 juillet de cette même année au Préfet.

Les arrêtes municipaux relatifs au moulin :

Le 22 juillet 1820 le maire de Prisches Théophile Brassart, considérant que les digues de la rivière érigées sur les chemins publics ont été entretenues par les anciens propriétaires du moulin, établit un arrêté  selon lequel il fut ordonné au « Sieur Wirth propriétaire des moulins de Prisches de faire réparer les digues de la rivière érigées sur les chemins vicinaux dit du Cateau et du Nouvion ».

Un second arrêté établi également le 22 juillet 1820 conformément à la loi du 14 floréal an 11 et à une circulaire préfectorale du 26 avril 1819 ordonnait, compte tenu que le pont érigé près du moulin menaçait ruine et que le garde fou du pont du Hazard était délabré, au propriétaire de faire recharger la voûte du pont près du moulin de cailloux ou de gravois afin d’éviter son éboulement. Il sommait aussi le même propriétaire de faire les travaux d’usage dans la cour du moulin pour que les eaux puissent « suivre l’ancien ruisseau en passant à l’aqueduc et se jeter à la rivière sans causer de dégradation au chemin ».  Il imposait enfin  au meunier de remplacer le garde fou du pont d’Hazard.

Enfin un troisième arrêté établi toujours à la même date ordonna aux propriétaires et aux fermiers riverains de curer et de « donner la profondeur nécessaire aux ruisseaux et fossés d’écoulement ».

Une séance du Conseil Municipal du 10 février 1846 tenue en vertu de l’article 23 de la loi du 21 mars 1831 sous la présidence de Mr Blondeau maire de la commune établit une délibération par laquelle il exposa les faits suivants : « la retenue des eaux du moulin de la Dame veuve Wirth occasionne des dommages à deux chemins, inonde des propriétés privées, que le pont dit des Hazards est dangereux faute de garde corps et qu’enfin le lit de la rivière est embarrassé de broussailles ».  Un courrier du maire adressée à Mr Legrand meunier à Prisches en date du 21 juin 1847 précisa que le locataire du moulin en 1846 Mr Morland « par son incurie » était à l’origine des dégradations causées aux chemins vicinaux dit du Sart et du Nouvion « après les crues d’eau occasionnées par les pluies torrentielles de l’hiver 1845-1846 ».

A cette délibération du 10 février 1846 s’ensuivit le 18 mai 1847 un rapport de Mr Dubrulle conducteur des Ponts et Chaussées mentionnant que les plaintes formées par le Conseil Municipal étaient fondées, résultant « des mauvaises dispositions de l’usine » et qu’en conséquence il fusse demandé une mise en demeure de produire dans le délai de 20 jours une demande en règlement d’eau avec plan à l’appui par Mme Veuve Wirth et ses héritiers.

Le 17 juillet 1847 Mme Wirth adressa une requête au Préfet  dans laquelle elle demandait le maintien de « ses droits contre les prétentions exagérées de l’Administration municipale » et exposa « que le Conseil Municipal en prenant sa délibération du 10 février 1846, relative au niveau d’eau du moulin a outrepassé ses pouvoirs et porté atteinte aux droits de propriété de l’exposante…, attendu en fait qu’il n’a été rien changé par le propriétaire actuel au régime du cours d’eau établi de temps immémorial, que si des crues d’eau extraordinaires ont en 1816 et notamment en 1846 occasionné des dégâts à la route n° 4, la propriétaire s’est empressée de les réparer, que l’existence du moulin est antérieure à la loi du 12 août 1790, à celle du 6 octobre 1791, à une ordonnance du 14 mai 1817, ainsi qu’il est surabondamment prouvé par une inscription portant la date de 1690, par un bail du 24 février 1730 et un acte de vente du 30 juin 1793…»

Cette requête n’aboutit pas et le 12 février 1848 le Sous Préfet d’Avesnes adressa au Préfet un certificat constatant que Mme Wirth avait été mise en demeure de « remplir les dispositions suite à votre lettre du 12 janvier dernier ».

Une nouvelle mise en demeure fut expédiée le 6 octobre 1849 par la Préfecture du Nord, 3 ème Division Travaux Publics. Mr Legrand répondit au garde champêtre signifiant la mise en demeure qu’il « se dit en règle ».

La demande de réglementation de 1868 :

A ces différents griefs formulés dès 1820 par le maire de Prisches, puis en 1847 par le Conseil Municipal s’ajouta le 8 février 1867 une nouvelle plainte formulée par le maire Mr Burlion Nicolas et deux propriétaires riverains Mrs Cinglant Nicolas et Brassart Page contre le régime des eaux du moulin.

De cette plainte collective intervint un arrêté préfectoral mettant le meunier en demeure de présenter une demande de règlement de son moulin qui était dépourvu de titre régulier d’autorisation.

Le meunier Mr Legrand Wirth ne se conforma toujours pas à cette mise en demeure reçue de Mr Mouzard préfet du Nord le 2 mars 1867.

Le 11 mars 1867 Mr Bourge nouveau propriétaire s’étonna de cet arrêté du 2 mars et contesta cette plainte collective, affirmant que le moulin ne fonctionnant plus depuis plusieurs années, les riverains s’étaient arrogés des droits sur la digue au lieu dit « Les Hazards » et en particulier Mr Cinglant en déchargeant celle située le long de sa propriété pour former une terrasse.

A la suite de cette réclamation de Mr Bourge, une visite des lieux par Mr Drouets conducteur des Ponts et Chaussées amena les remarques suivantes. Il n’y avait pas au moulin même de déversoir et les eaux passaient au dessus des vannes non levées d’environ 1 mètre. En remontant le cours d’eau les terrains situés sur la rive droite étaient 15 à 20 cm au dessus du niveau, voire d’autres au même niveau que l’eau et par conséquent la moindre négligence dans la manœuvre des vannes suffisait pour déterminer leur inondation. A la vantellerie des Hazards qui servait à retenir les eaux pendant l’hiver, celles-ci formaient alors un étang s’étendant à droite et à gauche du chemin N° 72. L’ancien chemin de Prisches au Nouvion paraissait servir de digue à cet étang dans la partie comprise entre l’ancien pont des Hazards et le chemin n° 72. La commune de Prisches avait aliéné les excédents de cet ancien chemin et n’avait laissé pour desservir les propriétés qu’un chemin de 4 à 5 m de largeur. C’est à ce chemin servant de digue que les dégradations causées par le passage des eaux étaient arrivées. Les eaux dépassant le niveau de ce chemin s’étaient répandues dans les prairies voisines en suivant le fossé indiqué en aval et entraînaient les engrais par suite de leur grande vitesse.

Il fut alors procédé d’office sur le rapport des ingénieurs des Ponts et Chaussées d’Avesnes sur Helpe et après accomplissement des formalités légales au projet de règlement de ce moulin (Enquête du 2 au 22 juin 1867 à la mairie de Prisches avec visite du 7 août du site et deuxième enquête du 1er au 15 mars 1868).

Ce projet présenté le 9 janvier 1868 prévoyait un déversoir de 3 mètres de longueur en maçonnerie avec pierre de taille formant crête sur la rive gauche en amont et près des vannes de décharge. Cette dernière  arasée au niveau de la retenue légale fixée à 65 centimètres du seuil de la maison d’habitation était située sur la rive droite du bief. Les vannes de décharge près de l’usine étaient conservées et munies de crics en fer. Le dessous du chapeau devait être placé à une hauteur au dessus du seuil d’au moins 3.06 m de façon à pouvoir lever les vannes à 20 cm au dessus du niveau légal.

La vantellerie des Hazards devait être reconstruite dans son état et les deux vannes munies de crics en fer. Le permissionnaire devait remblayer à ses frais le chemin des Hazards « de façon à présenter une rampe uniforme de 0.00541 par mètre à partir de l’axe du chemin n° 72 en face du chemin des Hazards sur 85 mètres de longueur ».

Le 17 avril 1868 le propriétaire du moulin Mr Bourge Druart demanda à être dispensé de mettre un déversoir objectant que le terrain de l’emplacement du déversoir projeté ne lui appartenait pas. Le rapport de l’ingénieur des Ponts et Chaussées du 24 avril de la même année réaffirma la nécessité d’un déversoir en rappelant l’obligation imposée par la circulaire ministérielle du 23 octobre 1851. Cette obligation était en effet indispensable, d’une part, pour assurer un premier écoulement  des eaux surabondantes jusqu’au moment où l’usinier venait manœuvrer les vannes et d’autre part pour présenter une fixité invariable que ne comportaient pas des vannes en bois qu’on pouvait facilement modifier ou exhausser.

Pour se conformer au règlement il fut préconisé dans un arrêté préfectoral du 19 juin 1868, un peu en avant des vannes et dans le bief même, l’établissement d’un tuyau en fonte ou en tôle ayant la forme d’un entonnoir dont le pourtour circulaire supérieur aurait un développement de 3 m comme il était prescrit par le déversoir en pierre et qui serait arasé exactement au niveau de la retenue légale. Le diamètre de l’orifice serait donc de 0.955 m. L’entonnoir se terminerait à la partie inférieure par un diamètre de 0.20 m et serait continu jusqu’en aval de la chute des vannes de décharge par un tuyau de 0.20 m de diamètre qui passerait sur le seuil de la vanne d’aval dont la partie inférieure deviendrait fixe sur 25 cm.

Le 11 avril 1870 Mr Bourge contesta les frais mis à la charge par suite de l’instruction relative au dit règlement. Ils étaient taxés d’après le décret du 10 mai 1854 et s’élèvaient à 140 francs. Une réponse du Ministère des travaux publics en date du 16 juillet 1870 conclut au rejet de la dite réclamation.

Les différents meuniers :

Toussaint Sculfort est meunier en 1681. Il est dit propriétaire du moulin à la capitation de 1703. Il  décède le 10 mars 1721.

Dans un acte notarial du 12 juillet 1714 il partage avec sa femme Adrienne Molnier ses biens entre ses enfants : Jean Baptiste, le moulin à eau avec le vivier et la pâture Hazard, Antoine, Nicolas, Barbe, Denis, Marguerite  et Anne. Maitre François et Maitre Guillaume Sculfort curés de Dimont et de Semousies abandonnent leur part à leurs frères et sœurs.                                                                                                                              Hubert Taveau est aide meunier jusqu’en 1713 puis Pierre Marit entre 1713 et 1715.                                              Antoine Lermuzeau marié à marie Castié est meunier en 1713 et 1740 puis son frère Pierre est cité meunier en 1754.

En 1763 François Joseph Sculfort en est le meunier.

En 1768 Jean Noel Carpentier fils de Noel fermier du moulin de Guise est fermier du moulin de Prisches.

Guillaume Defontaine dit ancien meunier est inhumé dans l’église le 4 décembre 1775.

Bertrand Poly marié à Marie Agnès Grenier est fermier du moulin en 1771 et 1775.

En 1808 Pierre Joseph Mahy né vers 1766, originaire de Clairfayts, marié à Marie Rose Baudry est meunier depuis  1790. Il décède le 20 novembre  1812. (1 fils Louis 20 ans garçon meunier puis  meunier à Etroeungt et 1 fille Marie Rose mariée à Célestin Mozin meunier à Grand Fayt). Sénateur, Joseph Wirth, marié à Cécile Meurant résidant à Landrecies est propriétaire du moulin en 1820 jusqu’ à son décès le 08/12/1844. Le locataire de 1828 à 1838 est Benjamin Salengros marié à Célestine Logeard et en 1842 le locataire s’appelle Antoine Morland.

Le gendre  de Wirth, Pierre Pacifique Legrand 34 ans en 1844 est meunier à Prisches jusque 1867. Le moulin semble ne plus fonctionner.

En mars 1867 François Prudent Bourge né à Prisches en 1819, marié en 1841 à Benoite Druart achète le moulin et le détient jusqu’à sa mort en 1886.

Son fils Hector né en 1845 marié à Céline Amasse continue le métier de meunier jusqu’en 1918 puis son fils Hector né en 1873 habite le moulin et sera meunier jusqu’en 1923.

Sur son acte de décès il est indiqué qu’en date du 3 décembre 1926 Hector François Guillain, meunier, est décédé en son domicile lieu dit « le Rejet du Moulin », veuf en premières noces de Zélia Maria Prissette et époux en secondes noces de Jeanne Balligand elle-même décédée en 1973 au moulin.

Avec lui le moulin de Prisches s’arrête définitivement de tourner et prend ainsi fin l’histoire de ce moulin qui aura traversé quatre siècles.

Les vannes du moulin BOURGE en 1904

L’habitation actuelle

LE FAVRIL :

Deux moulins jalonnaient la Rivièrette dans la commune de le Favril.

Les Moulins au Favril

Le premier moulin était le moulin de Jean Pierre Salengros qu’il construisit en 1755  » par concession et octrois de S.A.S Mgr le Duc d’Orléans ».

L’arrêt du conseil autorisant la construction fut signé le 5 avril 1757. J P Salengros et son épouse Anne Marie Castier possédaient ce moulin à deux tournants et un moulin à vent au lieu-dit « La Haute Borne ». En 1803 leur fils Pierre marié à Marie Lucie Staumont était meunier occupant. En 1831, Jean François Avot marié à Marie Jenly Canonne était à son tour  le meunier de ce moulin à eau du « Grand Bout » et ce également en 1851. En 1862 Alexandre Avot Presse en était le propriétaire mais le moulin ne fonctionnait déjà plus. En 1979 on trouve à cet endroit appelé le moulin des Tricoteries un gite rural avant que ce lieu devienne un centre culturel dénommé « la Chambre d’eau ».

Le moulin des Tricoteries

Le second moulin dont le projet était également à deux roues « dont une à farine et l’autre à escoussière et moudre brais pour la bierre »  commença d’être bâti fin 1807 par André Manesse sur un terrain lui appartenant dit « le Camp Fortier ». Il s’ensuivit dès lors des oppositions de plusieurs habitants dont Pierre Salengros, beau frère d’André Manesse. Le 17 novembre 1807 la sous préfecture d’Avesnes interdit de continuer la construction et la préfecture de Lille ordonna sa démolition le 30 janvier 1808. Le préfet suspendit le 13 février la démolition suite à un courrier d’André Manesse et demanda un rapport détaillé. Il en résulta de multiples courriers, les uns comme celui du maire favorables à  la continuation du projet et d’autres hostiles comme le meunier Salengros. Le rapport de l’ingénieur en chef du 22 mars 1809 conclut de ne pas autoriser cette construction et la préfecture arrêta le 28 mars de la démolir sous quinze jours avec remise du courant d’eau dans son ancien lit. En 1817 Manesse renouvela sa demande de construction qui fut alors approuvée par arrêtés préfectoraux du 17 juillet 1817 et du 4 juin 1819. L’ordonnance royale fut signée le 10 janvier 1821, année du décès d’André Manesse. Le moulin qui n’eut jamais qu’une roue et ne posséda jamais de déversoir appartint ensuite à son fils Jean Baptiste marié à Marie Catherine Huet puis en 1853 à son petit-fils prénommé aussi Jean Baptiste marié à Thérèse Gomet. Il s’arrêta de moudre vers 1890 et l’arrière petit-fils Benjamin Constant Juste Manesse, célibataire, en fut le propriétaire jusqu’à son décès en 1912.

Le bâtiment porte encore de nos jours un écusson sur le linteau avec la date de 1805 et les initiales A M (André Manesse) et A M S (Anne Marie Salengros).