L’Helpe Mineure et ses moulins

L’Helpe Mineure longue de 50 kilomètres prend sa source dans le bois communal d’Ohain à 273 m d’altitude et se jette dans la Sambre à Maroilles. Découvrons ensemble à travers son cheminement les moulins qu’elle a croisés dans le passé et ceux qu’elle rencontre encore de nos jours, à notre plus grande satisfaction.

Carte de la vallée de l’Helpe Mineure. Provenace : SAGE de la Sambre


OHAIN-TRELON :

 

L’Helpe Mineure en quittant Ohain pour traverser Trélon sur 1,5 kilomètre en direction de Fourmies, voit son cours gonflé par les eaux de l’étang de la Carnaille. A cet endroit jadis cette étendue d’eau alimentait le moulin de la Carnaille détenu par la famille De Mérode et une scierie de marbre construite en 1835.

Le Moulin de la Carnaille 

Il appartenait à Marie Joséphine De Mérode en 1785 qui l’utilisait pour exploiter les mines de fer d’une superficie de 16 kilomètres carrés situées sur le territoire des communes de Trélon et d’Ohain. En 1811 la forge revenait au fils, Guillaume Charles Guislain De Mérode Westerloo. En 1828 la forge  était entre les mains de Louis Constant Joseph Hufty, maitre de forges. En 1852 un incendie survint et la forge était déjà un moulin occupé par les sieurs Remont et Descamps. En 1862, la veuve Hufty née Félicité Caroline Louise Leroy fit une donation au profit de sa fille Félicité-Charlotte épouse de Jean Joseph Moutier, maître de forges. Il fit l’objet d’une réglementation avec procès-verbal de récolement du 24 septembre 1866, suite à l’arrêté préfectoral du 9 août 1865. « Le moulin de la Carnaille est situé à l’extrémité d’un étang dont les rives  jusqu’assez loin au-delà de son origine appartiennent à Mme Veuve Hufty, propriétaire du moulin. Il existe deux vannes à l’origine de l’Étang, droite servant à ouvrir et à fermer l’entrée des eaux dans l’étang l’autre à gauche fermant le cours actuel de la fausse rivière. Cette dernière qui est la retenue de l ‘usine est placée à 1100 m en amont en suivant la digue du moulin. Cette ventellerie se compose de deux montants en bois d’une vanne en bois également vermoulu et en mauvais état. Le niveau de la vanne n’a aucun très  rapport avec le niveau des eaux de l’étang. Cette vanne se manœuvre au moyen d’un levier. n y a aucun déversoir autre que les digues de l’étang à environ 0,30 au-dessus de la retenue légale. Il a été scellé au plomb et par quatre boulons dans une maçonnerie établie à gauche de la vanne et prise d’eau des roues un repère du type réglementaire en fonte gradué sur 0,40 au-dessus et au-dessous d’une tablette saillante qui indique le zéro et  légale. Le dessus de cette tablette a été reconnu après scellement se trouver à la côte 221.598 représente désormais le niveau de la retenue légale  et qui est celui de la retenue habituelle de l’usine ».  Le moulin détenu en 1895 par Achille Carpentier fut démoli en 1896.

La scierie de marbre 

En 1822 Louis Constant Hufty et sa mère Amélie Agnès Leroy, accordèrent en bail pour le terme de 27 années à Pierre François Aubry, notaire demeurant à Avesnes, deux terrains en étang avec leurs digues, terrains pour établir au frais du notaire exclusivement une scierie de marbre. Ces terrains étaient situés entre deux moulins qui leur appartenaient également sur le même cours d’eau (celui de Fourmies et celui de la Carnaille). L’autorisation de construire la scierie fut demandée par M Aubry le 25 février 1825. Le rapport de l’ingénieur du 22 octobre indique que la roue aura un diamètre de 3,50 m et la largeur de la vanne de 0,35 m. Le directeur des Douanes donna son accord le 2 janvier 1835 ainsi que Louis Constant Joseph Hufty le 2 février 1835  pour la construction de la scierie.  Le préfet signa son arrêté d’autorisation le 18 mai et l’ordonnance royale fut signée le 14 septembre 1835. Le procès-verbal de récolement ne fut quant à lui rédigé que le 15 septembre 1868. En 1871 Louis Clavon, maître de verrerie et maire de Trélon, époux d’Anne Marie Collignon la détenait. La scierie fut démolie en 1899.

Je pense qu’il serait plus rationnel de citer le moulin de la Carnaille et la scierie de marbre sur le territoire de Trélon.  Arrivons maintenant à Fourmies


FOURMIES : 

L’Helpe Mineure en 1823 y croisait 4 moulins, dont deux étaient à farine. Les autres étaient des forges appelées Haut Fourneau et Bas Fourneau. Le Haut Fourneau appartenait vers 1820 à Louis Constant Hufty.

Cadastre de Fourmies en 1823. ADN P 31/707

En 1884 le journal « L’Observateur » annonçait l’adjudication du Haut Fourneau dit le moulin Colau et le situe «  à Fourmies, route d’Ohain, sur la rivière de l’Helpe Mineure, comprenant maison d’habitation et vastes dépendances, scierie mécanique avec chute d’eau et roue hydraulique de la force de 15 CV, étangs, carrières etc. Le Bas Fourneau quant à lui  était toujours en 1881 une forge comprenant une fabrique de colle et un tissage. Il devint en 1960 un garage.

Après que l’Helpe Mineure ait franchi ces deux forges, apparaissait un moulin à farine . Il était antérieur à 1789 et appartenait en 1791 à la famille Piette. Il fut appelé en 1863 le moulin de Pierre Jacques. En 1881 le grand étang avait disparu et le moulin servait de bureau à l’usine Demoulin Droulers et Cie, maitres de peignage à Fourmies. Il accueillit par la suite les Filatures de laine peignées de la région de Fourmies.

Dans le centre du village, près de l’église, l’Helpe Mineure rencontrait le dernier bâtiment à usage de farine, à savoir le moulin de l’abbaye de Liessies. Il appartenait à Nicolas Eliet en 1791 avant qu’il le vendît avec l’étang des moines le 6 mars 1806 à Jean Baptiste  Maillet d’Avesnes. Il fut converti dans les années 1850 en filature de laine sur initiative des Démanez, Legrand et Lebègue.

Aujourd’hui l’Helpe Mineure a oublié tous ces moulins fourmisiens à jamais disparus mais elle continue cependant de serpenter en direction de Wignehies où elle actionnait jadis trois moulins.


WIGNEHIES :

Les moulins de Wignehies

Le premier moulin rencontré dans cette localité était le moulin Delsaut, actionné par deux roues avec le ruisseau de la Fontaine Rouge se jetant à ses pieds. Charles Delsaut, cabaretier à Wignehies l’avait acheté en 1835 à Nicolas Terret, propriétaire au Nouvion-en-Thiérache. Il fut démoli en 1838, reconstruit en 1840 puis de nouveau démoli en 1869.

Le second moulin au centre du village, qui provenait de l’abbaye de Saint-Denis, fut occupé par le meunier Jean Baptiste Fontaine dès 1753.  A son décès en 1799, son fils Vincent Maximilien le loua à Nicolas François Bangères. Vers 1835, il fut acheté par Théophile Legrand, filateur à Fourmies. Celui-ci le convertit en filature de laine et y ajouta une machine à vapeur. En 1847 Boutard Fostier, filateur à Wignehies la possédait.En 1884 la veuve d’Henri Bourgeois Boutard la détenait. Les bâtiments ont été détruits en 1982 pour y laisser place à un lotissement.

Avant de quitter Wignehies pour changer de département et se mouvoir dans la commune de Rocquigny, l’Helpe Mineure faisait tourner dès 1750-1760 un moulin « à deux roues à ailes » dit moulin Paquié. Jean Lermuzeaux en était le meunier vers 1800 et sa veuve en 1806 fit bâtir au même endroit un autre petit moulin « d’une roue à pots à tournants ». Placide Descamps, meunier à Glageon, occupait le moulin Paquié en 1841 et 1865. Il fut démoli peu après 1882, le propriétaire étant alors Constant Sohier Descamps, demeurant à Avesnelles.


ROCQUIGNY :

L’Helpe Mineure fait donc une incursion dans l’Aisne à Rocquigny sur environ 3 kilomètres où un moulin a également existé sur cette commune comme en témoigne la photo suivante publiée en 2016 sur le site http://www.communes.com/

Photo de Mireille Grumberg

Retour dans le Nord et plus précisément à Etroeungt, étape suivante de notre rivière.


ETROEUNGT TATIMONT :

Etroeungt et ses trois moulins

L’entrée du village d’Etroeungt se fait par le hameau de Tatimont où sur l’Helpe Mineure se trouvait déjà avant 1789 un moulin qui était à eau à farine. Il a appartenu successivement à Philippe Cuisset, à Benjamin Salengros en 1839, à Antoine Louis Joseph Léopold en 1858, notaire, à Edouard Lebrun Godbille en 1870 et à Emile Gobille en 1882. Il a dû fonctionner jusqu’au début du XX è siècle et a été transformé par la suite en habitation. Il ne reste qu’une partie des bâtiments, les vannes ayant totalement disparues.

L’Helpe continue son cours et très vite le ruisseau du Pont de Sains la rejoint. C’est sur ce ruisseau, au hameau des Hayettes, qu’en 1792 Pierre Lion demanda l’autorisation au directoire du district d’Avesnes-sur-Helpe de construire un moulin près du pont de l’écluse. Le moulin dit de l’Ecluse fut bâti avant 1799 et fut réglementé par ordonnance en 1825. Il appartiendra à Bénoni Salengros vers 1870, sera mis en vente en 1881 et acheté par Edouard Lebrun Marchand, cultivateur qui le laissa à l’abandon. A présent il ne reste plus que quelques pierres.


ETROEUNGT CENTRE :

Après son confluent avec la rivière du Pont de Sains, l’Helpe Mineure continue de zigzaguer et entre alors dans le centre du village d’Etroeungt où elle avait le plaisir de faire tourner deux moulins, situés de part et d’autre de son lit.

Plan des deux moulins du village d’Etroeungt. ADN Série S 5354

 

Le Moulin du village. Voir animation

Sur la rive droite le Grand Moulin appartenait avant la Révolution à Louis Philippe Joseph d’Orléans, seigneur d’Etroeungt, qui l’avait reconstruit en 1779 avec sa superbe ventellerie. Son propriétaire fut guillotiné le 22 juin 1793 et le moulin ou plutôt les deux moulins furent vendus à Ferdinand Azenne de Paris puis revendus le 22 janvier 1799 à Louis Mahy, propriétaire au Nouvion. Ils appartiendront ensuite à Jean Baptiste Culhat, contrôleur des contributions directes à Avesnes qui vendra à Jacques Caudry le Petit Moulin en 1834, abandonné depuis 1813, et le Grand Moulin en 1835. Jacques Caudry transformera alors en 1837 les deux bâtiments en filature. Ils seront ensuite mis en vente sur le journal de l’Observateur le 31 janvier 1847 qui précisait que le Grand Moulin comprenait « une filature et un moulin faisant de blé à farine ». Les deux établissements furent acquis fin 1848 par Philippe Pecqueriaux, filateur. Le Grand Moulin cessa son activité vers 1860 alors que la filature de la rive gauche effectua des travaux de mise en conformité avec pour effet le procès verbal de récolement en date du 24 juin 1862. Philippe Pecqueriaux mourut le 14 octobre 1871. La filature s’arrêta de fonctionner vers 1895. Elle produisit dès 1898 du courant électrique avec un arrêt de l’activité en 1946. En 1976 la commune se rendit propriétaire des bâtiments de chaque côté de l’Helpe Mineure. La grande bâtisse sur la rive droite devint un gite-relais dès 1979 alors que le bâtiment de la filature fut divisé en appartements, une partie abritant les deux turbines comme souvenir.


BOULOGNE-SUR-HELPE :

L’Helpe Mineure joue de ses méandres à travers les verts pâturages et arrive à Warpont, hameau de Boulogne sur Helpe.

Le moulin de Warpont à Boulogne-sur-Helpe
Le Moulin Warpont de Boulogne-sur-Helpe
Moulin de Warpont

C’est là que se tiennent les vestiges du moulin de Warpont qui cependant conserve sa ventellerie.

Celle-ci, comportant cinq vannes, a la particularité de posséder sa maçonnerie en pierre bleue crochetée c’est-à-dire fixée avec des crochets en acier plombé servant de fers d’ancrage. Le moulin a semble t-il été érigé vers 1790 par Jean Baptiste Duroulx suite à l’abolition de la banalité. En 1809 il était indiqué à deux roues et servait aussi « à écoudre l’épeautre « . Nicolas Wattiaux qui était meunier l’acheta en 1792  puis son fils Ursmer lui succéda jusqu’en 1838. Adolphe, fils d’Ursmer prit la relève. Elie Thiroux père rentra en possession du moulin en 1875 mais il fut déclaré en état de faillite en 1885 et écroué à la maison d’arrêt d’Avesnes.

En 1893 Elie Thiroux fils « mould du seigle, avoine, orge à 1 franc les 100kg » selon un article de l’Observateur. Sa veuve Julie Mezière est dite meunière en 1913 puis son fils Gaston Thiroux Berlemont en 1928. Le moulin a cessé de fonctionner en 1931-1932.


CARTIGNIES :

Boulogne s’éloigne tandis que l’Helpe Mineure continue son chemin dans un décor champêtre en direction de Cartignies, via le hameau de la Corbière. Elle longe ensuite le chemin de la Bouchère et arrive alors au pied d’un ancien moulin du XVII è siècle. Celui-ci atteste de l’importance que représentait l’activité meunière auprès des moines de l’abbaye de Liessies car le moulin dépendait de cette abbaye. Il y eut aussi un deuxième moulin à la sortie de Cartignies, limite Petit-Fayt appelé le moulin de l’Ourdiaux.

Cartignies eut deux moulins
Cadastre Cartignies 1813. ADN P 31/677

Moulin de Cartignies

Décrivons maintenant ces deux moulins.

Le moulin de l’abbaye à deux tournants fut acquis comme bien national en 1791 par François Prissette qui le revendit en 1792 à Jacques Laurent Prangère. Ce dernier le loua en 1795 puis aussi en 1800 à Augustin Mary. Le moulin restera en possession des héritiers de Prangère jusqu’en 1884. Il était alors en ruine et fut acheté par un boulanger dénommé Henri Colnay. En 1899, le bâtiment sur la rive gauche fut utilisé pour produire de l’électricité. L’édifice sur la rive droite fut transformé en boulangerie et ce jusqu’aux environs des années 1975.

Le moulin de l’Ourdiaux, moins connu sur le territoire, fut commencé en 1794 par François Caudron et probablement terminé vers 1796 par Hubert Millon, nouveau propriétaire. Il était également à deux roues. Il fut l’objet de nombreuses pétitions de la municipalité et de multiples réclamations du meunier en amont à savoir Jacques Laurent Prangère, le moulin provoquant l’inondation du gué situé à l’endroit dit le Pont Rompu et le reflux de l’eau vers le moulin du  Sieur Prangère. Il ne se vit pourvu d’un déversoir qu’en 1835, le moulin étant à cette date la propriété d’André Gosse. Celui-ci décéda à Petit Fayt en 1848 et l’un de ses fils André sollicita en 1867 la Préfecture afin d’être autorisé à monter une turbine. Il fut vendu en 1867 à Joseph Mosin. En 1899 Hector Bourge fils dont le père était également meunier à Prisches, faisait « tourner les moutures de tous les grains à raison de 2 francs les 100 kg pour les blés, 1 franc pour les 100 kg de seigle, orges, féveroles… ». La date de cessation du moulin n’est pas connue mais probablement vers 1920. Le site est aujourd’hui une paisible habitation individuelle.


GRAND-FAYT :

L’Helpe Mineure s’achemine vers Petit-Fayt puis Grand-Fayt, et c’est dans cette localité que le long de la rivière se détache dans un écrin de verdure un magnifique moulin de grande ancienneté. L’abbaye de Liessies le possédait déjà en 1150 suite à un don des seigneurs d’Avesnes. Ceux-ci le reprirent vers 1400 et le moulin fut donc dîmier. Il appartiendra par la suite au duc d’Orléans. La construction actuelle est du XVII è siècle et sa ventellerie du XVIII est en pierre avec six vannes.

Grand-Fayt
Moulin de Grand-Fayt

Ce moulin était affermé après criée, en général pour un bail de trois ans. Le bail commençait à la St Jean (24 juin) et le paiement se faisait en deux fois (Noel et à la St Jean). Les conditions du bail étaient très contraignantes. Le fermier du moulin était tenu d’entretenir le bief, les écluses, les roues et les meules. L’épaisseur de celles-ci était mesurée à l’entrée et à la fin du bail. Leur amenuisement faisait l’objet d’une redevance proportionnelle à cet amenuisement au receveur de la terre d’Avesnes. (6 livres tournois par pouce réduit en 1571). Le paiement concernant le dit moulin au receveur de la terre d’Avesnes se faisait en blé  et à partir de 1604 en blé et seigle par moitié. Le rendage de 1604 était de 15 muids de blé et de 15 muids de seigle.

Charles Mozin marié à Marie Barbe Dubois, meunier en 1770, Joseph Mozin marié à Anne Hocquet, et Charles Liévin semblent avoir tenu le moulin jusqu’à la Révolution. Antoine Michaux, précédemment meunier à Englefontaine en était le meunier en 1796 mais à cette date les propriétaires pour moitié étaient Jean Baptiste Hannoye et Pierre Longuet. En 1797 des cultivateurs se plaignaient de la veuve Longuet qui tenait les eaux de façon trop haute. Selon un acte de vente du 31 août 1822 Jean Baptiste Duroeulx acheta le moulin à Jean Chardin et effectua des travaux en 1837 1838 dont la construction d’un déversoir en maçonnerie de 4 mètres de large à côté de la ventellerie. Suite à des plaintes de voisinage, en 1850 un nivellement fut effectué entre le moulin et celui du Hourdiaux. M Mozin, meunier originaire de Prisches, en fut locataire avant d’en être propriétaire en 1860. En 1897 le bâtiment continua de moudre les céréales mais  faisait aussi laiterie sous le nom de Sté Anonyme de laiterie de l’Union de Grand-Fayt. Les deux roues furent remplacées par une grande roue de type poncelet puis par une turbine. On y fabriqua des maroilles avant la première guerre mondiale et de l’électricité après 1918. L’année 1962 vit l’arrêt du moulin et de la laiterie. Mr et Mme Contesse achetèrent le bâtiment vers 1970, réparèrent la maison de 1970 à 1982 puis restaurèrent la ventellerie, le déversoir de 1983 à 1987 grâce à une subvention obtenue de l’ARAM. Ils  remplacèrent la turbine par une roue en 1997.  Le moulin de Grand-Fayt fut par la suite restauré dans le cadre du Contrat de rivière des Deux-Helpe, imposant et engendrant une chute d’eau d’environ 1 mètre, vannes ouvertes et de 2,5 mètres vannes fermées. Il convient de noter qu’il se visite lors de la fête du pain, l’animation étant organisée par l’association des Amis du Moulin de Grand-Fayt.

Ce moulin est l’un des plus beaux avec celui qui suit à savoir le moulin de l’abbaye de Maroilles.


MAROILLES :

En effet l’Helpe Mineure n’a pas fini de nous surprendre. En serpentant sur Maroilles, dernière commune avant de se jeter dans la Sambre  elle va pouvoir nous faire admirer le célèbre moulin de l’abbaye Saint Humbert, en osmose avec son environnement bucolique.

Les moulins de Maroilles
Le moulin de l’abbaye de Maroilles

Il a une existence remontant au VII è siècle. Reconstruit en 1770, son propriétaire Alexandre Boucher lui ajouta une troisième roue. En 1792 il fut adjugé à Alexandre Boucher pour le prix de 38700 livres. Un litige au sujet de la réparation du pont près du moulin opposa le meunier et la commune en 1804 et il semble que le pont fut réparé et entretenu concurremment aux frais des deux antagonistes. Benoit Boucher, fils d’Alexandre  loua ensuite le moulin. Il décéda en 1835 et le moulin fut la propriété de ses trois enfants. En 1863 le moulin comprenait cinq paires de meules. En 1876 le meunier M. Guilbert se noya en voulant réparer son moulin. Le 16 juillet 1889 un garçon tomba accidentellement dans la roue du moulin et fut broyé. Le 27 septembre de la même année, le père du garçon incendia le moulin. C’en fut fini du moulin à farine. Il fut racheté par la manufacture de galoches et de cuirs appartenant à Maillard fils et Boulmont puis par la SA des Tanneries et Corroieries de Maroilles. Cette société fit faillite en 1909 et l’ensemble de la tannerie comprenant le moulin qui produisait alors de l’électricité fut acquis par Abel Fidèle Gilson. Celui-ci créa alors une nouvelle Société Anonyme des Manufactures de cuir de la Sambre en juin 1909 et qui perdurera jusqu’aux environs de 1930. Le moulin produisit du courant jusque peu après 1945. Il devint un restaurant dans les années 1980 mais fut incendié à deux reprises, en 1984 et en 1987. Il fut acheté par M et Mme Liétard Cavrois qui engagèrent de gros travaux de restauration. En 1995 le moulin accueillit une de ses trois roues grâce au concours de l’ARAM. Il fut restauré il y a quelques années dans le cadre du Contrat de Rivières.

Ce moulin est aujourd’hui un fleuron du patrimoine de l’avesnois.

L’ancien moulin des Près à Maroilles
Moulin des Près Maroilles 2012

Citons pour finir le dernier moulin sur le cours de cette rivière, à savoir le moulin des Près. Il fut construit en 1790 1791 par Michel Baillon de Pont-sur-Sambre. Vendu le 7 juin 1810 à Pierre Salengros il restera dans la famille jusqu’à sa fin en 1880. Il tombait en ruine vers 1888 et fut substitué par une maison qui est aujourd’hui un restaurant.

L’Helpe Mineure aura d’Ohain à Maroilles fait tourner au cours de ces quelques derniers siècles trois forges et seize moulins à farine dont certains, comme celui de Grand-Fayt ou celui de Maroilles , témoignent encore de nos jours d’un passé prestigieux où le moulin était au centre de l’activité économique de son village.

Un seul moulin se trouva sur ses affluents, à savoir le moulin du ruisseau Du Pont de Sains à Etroeungt. Un affluent du ruisseau Du Pont de Sains, appelé le ruisseau du Roc alimentait un moulin à Féron tandis que le Rieu des Hameaux à Glageon entraînait les roues de deux moulins.

A l’instar de ceux de l’Helpe Majeure ces anciens moulins encore présent dans notre bocage doivent être préservés du temps. Leurs très belles ventelleries en pierre doivent être sauvegardées.