La Sambre et ses moulins

La Sambre et ses affluents

La Sambre est une rivière qui prend sa source dans le bois de La Haie-Equiverlesse, sur la commune de Fontenelle (Aisne). L’ancienne Sambre traverse ensuite Le Nouvion-en-Thiérache et Boué. Arrivée à hauteur d’Etreux, elle rejoint le canal de la Sambre à l’Oise.

La Sambre canalisée se dirige vers Oisy, longe Fesmy-Le-Sart, parcourt Catillon-sur-Sambre et Ors avant d’entrer dans l’Avesnois à Landrecies. Elle compte dans notre région de nombreux affluents : la Riviérette, l’Helpe Mineure, l’Helpe Majeure, la Tarsy, la Sambrette, le ruisseau de la Fosse, le Cligneux, le ruisseau d’Eclaibes, la Flamenne, la Solre, L’Escrière, la Hantes et la Thure.

Après Landrecies, la Sambre borde Noyelles-sur-Sambre, Sassegnies et Berlaimont. Puis elle arrose Aulnoye-Aymeries, Bachant et Pont-sur-Sambre. Après avoir longé Boussières-sur-Sambre, elle passe à Hautmont et Louvroil. Elle délimite ensuite Maubeuge Rousies et Assevent. Elle en fait de même avec les communes de Boussois et de Recquignies. Il ne lui reste plus qu’à traverser Marpent et Jeumont en France. Elle entre alors en Belgique à Erquelinnes, pour passer par Lobbes, Thuin, Charleroi et venir se jeter dans la Meuse à Namur.

LANDRECIES :

Landrecies 1932 section B 1523

Le moulin situé à la ville basse était un moulin très ancien puisque appartenant au XII siècle au comte de Hainaut. En 1711 le moulin à deux tournants, possession du domaine royal fut aliéné à Michel François Cordier de Roucourt. Vers 1790 Jean Baptiste Rivart était le nouveau engagiste. Il émigra en 1794 et le moulin, bien de la Nation, fut vendu le 12 novembre de cette année à Constant Duquesne. Cependant la veuve de J B Rivart fit annuler la vente en 1795. Elle récupéra alors le moulin qui entre-temps avait été détruit suite au projet de creuser un canal de jonction de la Sambre à l’Oise.

En 1801 son fils Isidore Joseph Rivart vendit le moulin reconstruit à Charles Michel Cordier de Rocourt, demeurant à Mons, fils de Michel François cité ci-dessus. En 1827 Catherine Mercier l’acquit de Cordier. Les travaux du canal de la Sambre à l’Oise débutèrent en 1834 et le canal fut ouvert en 1839. Dès lors le moulin appartint au concessionnaire du canal, la « Société anonyme du canal de jonction de la Sambre à l’Oise » dont le siège était à Paris.

A la fin du XIX siècle, le moulin était du domaine public. On y installa près des écluses une machine élévatoire vers 1900. Le plan cadastral de 1932 indique les bâtiments des salles des machines. Le moulin disparut en 1944.

BERLAIMONT :

Berlaimont et Aulnoye cadastre de 1861
Berlaimont et Aulnoye séparés par la Sambre
Berlaimont 1910
Berlaimont 2011 l’ancien Moulin sur la Sambre

Le moulin de Berlaimont se trouve sur la rive gauche de la Sambre et celui d’Aulnoye sur la rive droite. Casimir Pignatelli (1727 1802), comte d’Egmont, qui avait épousé en 1756 la fille de Louis François Armand du Plessis, duc de Richelieu, les détenait avant la Révolution.

Le moulin banal de Berlaimont était en fait composé de plusieurs roues réparties sur la largeur des deux bras de la Sambre comme le montrent les Albums de Croÿ. Vers la fin du XVIIIème siècle, Adrien Taulet en était le meunier et d’après les rapports des sergents du bailliage, il avait une mauvaise réputation du fait de la différence entre la farine produite et le grain apporté.

Elie Pierard né en 1742 à Berlaimont les acquit en 1794, le même qui acheta en 1796 le moulin d’Obrechies. Il fut la propriété de son beau fils Nicolas Hemmerling vers 1825 époux de  Louise Pierard. Au décès de celle-ci en 1852, Jean Baptiste Baudet, marchand de bois, acheta les deux moulins composés de trois tournants avec corps de logis et autres bâtiments. Il fit élargir la roue en 1863 afin d’actionner, en plus des meules, une scierie de bois, laquelle était l’ancien moulin d’en face situé sur Aulnoye. Il fit également en 1865 reconstruire une pile en pierre de taille de la ventellerie.

Ses enfants Eugène et Cécile Baudez détenaient les deux usines en 1876. Constantin Audin en était alors le meunier. En 1888, seule Cécile Baudez veuve de Joseph Antoine Ohresser les conservait. En 1892 la « Société anonyme du canal de jonction de la Sambre à l’Oise » demanda au préfet de faire chômer les moulins qui selon elle, prenaient trop d’eau et empêchaient la navigation. Les intérêts entre les protagonistes étant divergents, la société de navigation racheta les moulins vers 1900. Ceux-ci furent détruits peu avant la guerre 14-18.

AULNOYE-AYMERIES :

L’histoire du moulin est intimement liée à celle du moulin de Berlaimont. En 1812 les deux moulins appartenaient à Marie Joseph Leroy, la veuve d’Elie Pierard. Le moulin d’Aulnoye devint vers 1860 un moulin à tan et une scierie. Félix Durieux marié à Joséphine Baudinelli et leur fils prénommé également Félix marié à Mathilde Flament furent les derniers entre environ 1865 et 1895 à exercer le métier de meunier. Possession  vers 1900 de la « Société anonyme du canal de jonction de la Sambre à l’Oise », ce moulin fut détruit quelques années après.

PONT-SUR-SAMBRE :

Pont-sur-Sambre
Plan de 1861 ADN S 5581
Ventellerie du moulin de Pont-sur-Sambre  ADN S 5581. Plans effectués à la demande des Sieurs Dervillé et Cie en 1861
Le moulin de Pont-sur-Sambre
Le moulin de Pont-sur-Sambre 1957
le moulin de Pont-sur-Sambre 1980

Le moulin sur la Sambre à Pont-sur-Sambre (il y en avait un aussi dans cette commune sur le ruisseau de la Fosse) appartenait au chapitre de Sainte Aldegonde à Maubeuge. Vendu comme bien national en 1796 à Antoine Hazard, propriétaire à Solre-le-Château, celui-ci le loua en 1801 à Simon Mercier de Monceau-Saint-Waast. Le moulin fut détenu ensuite par Jean-François Bosquet époux d’Amélie Joseph Croix. A son décès en 1856, la veuve devint usufruitière et ses 7 enfants nu-propriétaire. En fait, les biens se composaient du moulin « à faire farine », à deux tournants avec quatre paires de meules et d’une scierie de marbre avec maison d’habitation et bâtiments accessoires.

L’ensemble fut vendu à la Société Dervillé et Cie. La marbrerie fonctionna jusqu’en 1944. En 1947 la S.A.M.P (Société des ateliers Mécaniques de Pont-sur-Sambre)  racheta le tout pour y construire une usine à fabriquer des bombes destinées au rafale. Les bâtiments du moulin furent démolis en 1988 et l’usine s’arrêta en 2011.

HAUTMONT :

Après la traversée de Boussières, la Sambre entre dans Hautmont.

Hautmont 1844
Hautmont

Le moulin rencontré était très ancien et appartenait à l’abbaye d’Hautmont. Narcisse Démaret suivi de Louis Gricourt (1750 1816) avaient été les meuniers avant 1789. Il y avait en fait un moulin à farine à deux tournants et un moulin  à fouler. La foulerie était, en descendant le cours de la rivière, située à la gauche du moulin. En cas de sécheresse, elle ne tournait que ponctuellement afin de laisser le moulin fonctionner normalement. L’ensemble et une partie des bâtiments de l’abbaye furent acquis par Eugène Félix, entrepreneur de la manufacture d’armes de Maubeuge. Le meunier était alors Louis Gricourt (1784 1855), fils de celui mentionné ci-dessus. Eugène Félix mourut en 1819 et son épouse Marie Louise Constance Flore Hennet en 1833.

Le moulin à farine était à trois tournants et la foulerie avait été convertie en moulin à huile et en scierie de marbre. Louis Dehon avait d’ailleurs en 1821 fit ajouter un second tournant à cette scierie qui actionnait deux châssis d’armure garnis de 36 lames.

Ces moulins étaient situés aux deux extrémités d’un pont, lequel dut être réparé vers 1836. Les réparations pour la partie comprenant les vannes des moulins furent à la charge des propriétaires malgré leurs protestations.

En 1844 les deux moulins appartenaient à Lambert et consorts. (Jean François Lambert était le beau fils de Félix). Ils furent vendus en 1854 à Maximilien Désiré Canard, sculpteur à Paris. Au décès de sa veuve Jeanne Devergnies en 1871 à Beaumont, les trois enfants héritèrent des biens. D’une part la scierie de marbre, garnie de six châssis à scier, mue par deux roues hydrauliques et une machine à vapeur, et d’autre part le moulin actionné par deux roues furent l’objet d’une vente sur licitation au tribunal civil de Senlis en juin 1880. Suite à une baisse de mise à prix, ils furent acquis en octobre de la même année par la veuve Ouverlaux-Dugemont de Maubeuge.

En 1884 le moulin fut démoli. La scierie fut arrêtée en 1888 mais F Duval, le locataire, sollicita l’autorisation en 1891 de la remettre en activité en y remplaçant la roue et en y faisant des travaux de maçonneries. En 1893 Mrs Delhaye, Herbecq et Chasse, industriels à Hautmont, sollicitèrent également l’autorisation d’établir une turbine à l’emplacement de la pile en maçonnerie qui autrefois supportait une roue hydraulique. La demande n’aboutit pas et c’en fut fini de la scierie qui disparut vers 1895.   

MAUBEUGE :

Maubeuge
Vue rapprochée

Le moulin ou plus précisément les moulins sur la Sambre à Maubeuge étaient du domaine du Chapitre Sainte Aldegonde. Ces moulins à trois roues, divisés en deux parties séparés par le canal de dérivation qui les alimentait en eaux, furent adjugés après la Révolution à Guislain Berteau époux de Marie Adrienne Mercier dont le fils Philippe fut meunier. Comme le moulin situé sur la Pisselotte à Maubeuge, ils furent vendus par licitation en 1835, probablement à  François Delsaux qui les détenait en 1844. L’un des moulins avait 5 paires de meules montées à l’anglaise et l’autre une paire de meules. Chacun des moulins avait une maison d’habitation.

Plan cadastral Maubeuge 1844

Le C 528 fut démoli en 1854 et le C 529 tomba en ruine en 1857. François Delsaux et son épouse Marie Antoinette Juste eurent un fils Louis Adolphe qui fut officier de l’artillerie de marine. A son décès en 1865, sa succession comprenait « le moulin, reste des grands moulins de Maubeuge, la force motrice, la ventellerie et deux maisons loués à M Pierret… » . En 1868 le moulin fut reconstruit ou plus probablement rénové. Il disparut en 1882 et était alors appelé le moulin du Pont.

JEUMONT :

Dans cette ville existait un moulin situé non pas sur la Sambre mais sur une petite rivière appelée le ruisseau de Watissart (cf ce ruisseau et le moulin de Jeumont).

Jeumont
Jeumont fenderie 1845
Jeumont-la-fenderie

Dès son entrée à Jeumont, la Sambre actionnait une fenderie qui existait avant 1758. Elle  appartenait en 1772 à Lambert Antoine Eugène Lagase de Bécourt, maitre de forge, marié à Catherine Amélie Baret.

On y faisait aussi de la farine car en 1791 Jean Baptiste Grimont, meunier à la fenderie de Jeumont, réclama des indemnités consécutivement à des interruptions de travail de son moulin. En effet, le moulin avait du chômer 40 jours  à la suite de travaux publiques exécutés pour la défense de la place de Maubeuge.

En 1824 les propriétaires de la fenderie Camus Maghe, cloutier de Fontaine-l’Evêque  demeurant à Vicoigne et Louis Valentin Darche demeurant à Maubeuge firent installer à l’intérieur des bâtiments une scierie de marbre. Celle-ci composée de « grandes roues à ailes faisant aller les armures » fut vendue en 1828 à Martin Crapez de Maubeuge.

Le propriétaire suivant de la forge, Auguste Edmond Pillion remplaça en 1837 les roues vétustes par des roues dites à la Poncelet. La fenderie et la scierie furent vendues en 1861 à la Société Derville et Cie. L’activité périclita vers 1900. Lors du conflit de la Première Guerre mondiale l’usine était en ruines.

Jeumont la Fenderie en ruines