L’Aunelle et ses moulins

L’Aunelle prend sa source dans la forêt domaniale de Mormal, près du sentier du Blanc Cheval, sur la commune de Locquignol. La longueur de son cours d’eau est de 27 km.  Elle  traverse Gommegnies,  Frasnoy, Preux-au-Sart, Wargnies-le-Petit, Wargnies-le-Grand, Jenlain, Sebourg, Rombies-et Marchipont, Quiévrechain et Crépin où elle conflue avec l’Hogneau.

Gommegnies

Le moulin à eau de Gommegnies appartient au comte De Franeau d’Hion, à Mons, qui possède également le moulin de Quelipont à Preux-au-Sart. Il a été reconstruit en 1779 dans « un lieu appelé la Basse Cour sur six mencaudées ou environ de pâture ».

Il semble loué en 1793 à Louis-Joseph Cuvelier, et en 1796 Adrien-Joseph Brisson. Le locataire suivant est  Jean-Baptiste Wilmart en 1806. Par la suite, Xavier Richard, né vers 1817 à Villers-Pol est meunier du moulin et meurt au lieu-dit Basse Cour le 6 décembre 1869. En 1887, le moulin de la Basse Cour appartenant au comte Edmond François Henri Guislain De Franeau est démoli. II n’en reste rien.

Frasnoy

Frasnoy et Preux-au-Sart

 Jean Hallez fait construire le moulin de Frasnoy après un jugement du Bureau des finances de Lille du 5 Novembre 1773. Il le vend au sieur Mayeur qui en 1779 demande « l’établissement d’un moulin à eau à moudre bled » qui ne fait l’objet d’aucune opposition.

Le moulin appartient ensuite à Louis Compère, meunier à Quiévy. Il le vend le 12 janvier 1798  à Jean-Baptiste Brasseur de Wargnies-le-Petit, qui le revend dès le 2 mars à Hilaire-François Delporte.

Celui-ci le loue à Antoine-Joseph Wibaille le 12 avril de la même année.  Il le vend à Antoine-Joseph Bridoux, meunier, le 11 avril 1806, qui le revend le 18 novembre 1810 à Alexandre-Joseph Hangoubart, cultivateur à Preux, puis meunier au moulin.

Le baron Delépine, maire du Quesnoy, achète vers 1830 ce moulin à une seule roue, situé au lieu dit Les Warennes. En 1870 il est toujours dans la famille avec Dieudonné Delépine, propriétaire à Frasnoy. En 1886 les notaires Charles Lustremant du Quesnoy (1841 1887) et Adolphe Desenfant de Gommegnies (1842 1914) le détiennent en indivis. En 1905 Elie Brasseur, marchand brasseur à Gommegnies et son épouse Marie Joséphine Roze le possèdent. Il est déjà un bâtiment rural. Il est aujourd’hui disparu.

Preux-au-Sart

Le moulin banal de Quelipont a une origine antérieure au XIII e siècle. Au XVII e siècle, son propriétaire, le seigneur de Gommegnies gagne un procès concernant des grains à moudre contre le seigneur propriétaire du moulin de la Tour au Bois à Saint-Waast-la-Vallée.

A la Révolution, il appartient à la famille Franeau d’Hyon et est loué à Humbert Célestin Coquelet par acte du 12 Vendémiaire An X, renouvelé le 23 Frimaire An XII par Catherine-Antoinette Franeau d’Eth. En 1859 les propriétaires en sont le baron Delépine propriétaire à Wargnies-le-petit et son frère Ferdinand Delépine de Bailleul.

Le père d’Humbert Célestin Coquelet (1756 1853), Pierre François (1713 ca 1794) marié à Marie Montay (1715-/1759) et remarié à Rosalie Lepoint occupait déjà le moulin en 1759. Le demi-frère d’Humbert Célestin, Jean Baptiste né vers 1740 était meunier de Quelipont en 1772 avant que ses descendants deviennent meuniers à Escarmain.

En 1852 Adolphe Dehove (1816 1871) marié à Marie Joseph Dehove (1820 1856) est le meunier. En 1898 deux de leurs enfants Adolphe (1855 1905) et Caroline,  meuniers, en sont les propriétaires. En 1906 leur frère Eleuthère Joseph dit « Joseph » est domicilié au moulin  avec sa sœur Elisa, ses nièces Claire et Jeanne Blareau, son oncle Désiré et 3 domestiques.

Une carte postale datée 1909 le représente en bon état, avec sa chute et son énorme déversoir. Une autre carte le représente en ruine après la Grande Guerre. Il n’est pas restauré et de nos jours ne subsiste que la chute.

Le Moulin de Quelipont
Les ruines du Moulin de Quelipont

Wargnies-le-Petit

Wargnies-le-Petit

Ce moulin a été érigé en 1790 par Jean-Baptiste Brasseur (1750 1799). Il est nommé Moulin d’ En bas par rapport au moulin de Quelipont. Il est loué à Louis-Joseph Lefebvre, meunier à Villers-Pol le 18 avril 1791 et à Jean-Pierre Dupré de Jenlain le 23 Février 1797. La veuve Brasseur Marie Joachine Ville le loue à François Delporte le 3 février 1803.

Parmi leurs cinq enfants c’est Marie-Rosalie-Joseph (1797 1856) mariée avec Pierre-François Colmant (1801 1877) qui assure la relève en tant que meunière. Le couple exerce aussi le métier de brasseur.

L’Observateur du 30 mai 1880 annonce à vendre de gré à gré pour cause de santé « une belle brasserie en pleine activité, avec le matériel servant à son exploitation, maison d’habitation écurie, grange, cour, jardin, pâture, manège et moulin à moudre le brai ». Le même journal  annonce le 29 septembre 1899 la location « du moulin à eau avec deux paires de meules et une maison d’habitation à usage de ferme avec 10 ou 12 hectares de pâtures et terres labourables ». Pierre François Colmant fils (1836 1916) est le meunier et l’est encore en 1906.

Le cadastre de 1913 indique que le moulin est converti en ferme. Celle-ci appartient ensuite à M Dhoctobre-Colmant qui la vend en 1928 à M Charles Longhatte avant d’appartenir au fils Gilbert. La rivière qui passait dans la cour a été détournée.

Wargnies-le-Grand

Wargnies-le-Grand
L’écluse de Wargnies-le- Grand

Louis Joseph Montay (1725 1811) demande avec succès en 1779 l’érection d’un moulin à eau à moudre grains à Wargnies-le-Grand aux offres de payer 15 florins au Domaine. Il s’agit peut être d’une reconstruction car son père Louis Charles (1684 1743) était déjà meunier dans ce village. Louis Joseph Montay marié à Marie Isabelle Portier ont leur fils Louis Joseph (1763 1851) également meunier. En 1827 c’est le fils Charles (1797 1878) qui est propriétaire du moulin. Il le vend vers 1867 à Ferdinand Dervaux, fabricant de sucre. Le moulin à farine est démoli vers 1875. Il y a de nos jours, rue du Corbeau, une habitation à laquelle sont accolés les vestiges des bâtiments industriels.

Jenlain

Jenlain

A Jenlain, l’Aunelle alimentait un moulin. Ses deux affluents appelés tous deux Petite Aunelle faisaient tourner les roues des deux moulins nommés l’un Dupont et l’autre Bassez du nom de leur propriétaire.

Le Moulin de Jenlain

Il appartient en 1781 au seigneur Jacques Martin Despiennes. Le moulin était loué en 1756 et 1764 à André Lesnes et à son épouse Marie Philippe Hot. En 1781 il est occupé par leur gendre Emmanuel François Joseph Leroy. Celui-ci achète le moulin à la Révolution et le loue pour 9 ans en 1795 à Maximilien-Joseph Libert. Le bail est renouvelé en 1804.

Nicolas-François Leroy, cultivateur à Wargnies-le-Grand, fils d’Emmanuel François Joseph Leroy (1741 Wargnies-le-Grand 1809 Valenciennes) et de Marie-Albertine Lesnes, vend le 6 juin 1810 1/6e du moulin à Auguste-Aime-Joseph Lachaisse mais meurt la même année à 38 ans à Wargnies-le-Grand, dans sa maison dit le château.

Le moulin appartient avant 1826 à Célestin-Joseph Stievenart (1781 Curgies 1848 Curgies), meunier et maire de Jenlain. Sa veuve Eugénie Florent le vend avec ses enfants en 1858 à Alexandre et Auguste Gosselin, fermiers à Curgies

L’Observateur du 23 avril 1876 annonce la vente par licitation, entre majeurs et mineurs, le samedi 13 mai 1876, par Mes Lefebvre et Deltombe notaires Valenciennes, de nombreuses propriétés sur Jenlain, Curgies et Préseau, dont le moulin de Jenlain : « 1° Le bâtiment du moulin a cinq étages, couvert en ardoises ; ce moulin faisant de blé farine et garni de quatre paires de meules et d’un système de mouture à l’anglaise, ensemble sous les ustensiles tournants, travaillants et accessoires nécessaires réputés immeubles par destination » …

Il est acquis en 1878 par Antoine-Joseph Sarrazin-Lenne, meunier. Amédée-Robert Cormont lui succède avant 1901et transforme les lieux en usine électrique et à chicorée. Rachetée vers 1915 par la manufacture de boutons, elle est démolie en 1926.

Le Moulin Dupont

Antoine Dupont, mayeur de Jenlain, sollicite en 1781 l’autorisation d’ériger un moulin à eau à farine sur la Petite Aunelle mais le fermier du moulin du seigneur, Emmanuel Leroy, joint au seigneur Jacques-Martin Despiennes s’y opposent, ce dernier prétendant avoir seul le pouvoir d’ériger un moulin.

Antoine Dupont se voit cependant accepter sa demande. Le moulin appartient en 1826 à l’un de ses fils  Humbert puis en 1831 à Pierre François un autre fils. En 1865 Jules Dupont Descamps est le meunier. Ce moulin a une grande roue métallique de 5.50 m de diamètre et de 1 m de large et a deux paires de meules. En 1884 Adolphe Berthe Descamps en est propriétaire puis en 1887 Gustave Berthe, industriel, époux d’Amélie Magniez. Il change alors de famille et en 1906 François Bassez le possède, détenant également l’autre moulin en aval sur la Petite Aunelle. Le moulin cesse de moudre en 1930 et Charles Bassez le vend en 1931 à Pierre Brunet. Il est transformé en maison en 1939.

Le Moulin Bassez

Le dossier aux Archives départementales de la série S n° 5450 nous apprend qu’en date du 18 juin 1833, « Nicolas Bernier, meunier, domicilié à Jeanlain ; a l’honneur de vous exposer qu’il est dans l’intention de faire construire un moulin à farine ce à un tournant dans cette commune Jeanlain sur le ruisseau de la fontaine dite la Godénette alimenté par celui d’une autre fontaine nommée Dupont ; ce dans une étendue assez forte pour ne gêné aucunement l’établissement de même nature qui se trouve beaucoup au dessus, le terrain sur lequel le pétitionnaire est dans l’intention de faire son moulin appartient à son père qui y donne toute adhésion … »

Le 9 août, le maire donne un avis favorable sous réserve que Nicolas Bernier fasse construire un pont, des digues assez fortes le long des propriétés et de hausser le passage de la rue Friquet. Le sous-préfet renvoie le tout au préfet le 20 août, qui, le 29 août, l’adresse à l’ingénieur pour instruction. Celui-ci, dans son rapport du 4 décembre 1834, signale que le sieur Bernier a construit son moulin avant même que sa demande fut formée, que les eaux sont fournies par une source qui donne une quantité d’eau toujours uniforme hiver comme été. Nicolas Bernier est autorisé à établir un moulin à un seul tournant, « la ventellerie sera composée d’une ou deux vannes présentant ensemble un débouché de un mètre de largeur sur 94 centimètres de hauteur. On établira un déversoir sur le côté. La roue aura un diamètre de 2,40 m sur 0,98 m de largeur ».

Un nouveau rapport de l’ingénieur dressé le 22 janvier 1835 nous indique que le moulin est acquis par le sieur Bassez. Le 22 décembre 1835, Jean-Marie Descamps, propriétaire riverain du moulin, autorise le sieur Pierre-François Bassez à laisser « librement fonctionner son établissement, et ce au moyen de 30 francs, que le dit sieur Bassez a promis nous payer à titre d’indemnité pour la destruction des arbres plantés sur notre terrain et tenant au bief de l’usine ». Le 15 avril 1836, l’arrêté préfectoral autorise la subsistance du moulin et l’ordonnance royale est signée le 19 juillet. La visite des lieux du 23 Juin 1847 nous révèle que les travaux sont conformes à l’ordonnance.

Pierre-François Bassez (1785 1866) et sa première épouse marié à Rosalie Descamps (1804 1842) ont un fils Pierre-François né le 30 mai 1824. Celui-ci époux de Constance-Joseph-Natalie Poirette en 1855, puis de Marie-Antoinette Grard en 1863 détient ensuite le moulin qui est démoli vers 1910.

Moulin Bassez