Le Cligneux et ses moulins

Le Cligneux se décline sous différentes appellations selon les villages traversés.

Il prend sa source à Beaufort, sur les pentes descendant du bois Leroy. Il coule d’abord dans la direction sud nord et à Ropsies infléchit sa course en s’orientant nord-est, sud ouest. Il porte ici les noms successifs de Rieu, ru d’Offies ou d’Auffignies, ruisseau de la Warenne.

Ce ruisseau  rejoint à Eclaibes le ruisseau d’Eclaibes. A la sortie de Limont-Fontaine, le ruisseau d’Eclaibes conflue avec le ruisseau d’Ecuélin. Ce ruisseau et celui des Prés à Forêt se rejoignent au sud-est de la commune de Saint-Rémy-du-Nord, pour former le ruisseau des Réaux. Celui-ci traverse le territoire communal vers le nord-ouest et devient le ruisseau des Cligneux avant de se jeter dans la Sambre canalisée.

ECLAIBES :

Eclaibes

Ce village a connu sur le ruisseau désigné autrefois ruisseau du moulin et de nos jours ruisseau d’Eclaibes deux moulins, le Grand et le Petit. Ils appartenaient au duc d’Orléans.

Le Grand était situé plus précisément au confluent du ruisseau du Moulin et de celui de Warennes. Il faisait partie du château tout proche et remontait à 1553 comme en témoigne une pierre employée en soubassement. Moulin à farine et épeautre, il fut reconstruit en 1790 pour M. François Dewez.

Le Petit Moulin érigé en amont, à la sortie du « Grand Etang » datait de 1784.

Ils furent adjugés à la Révolution à Jean Pierre Noiret d’Avesnes qui les revendit en 1793 à Louis Mareuse de Saint-Quentin. La veuve de ce dernier les loua en 1825 à Dieudonné Dewez pour 9 ans avant de les céder en 1829 à Louis Joseph Lebeau de Maubeuge. En 1842 Elie Herbecq meunier à Eclaibes et Etienne Duhain acquirent en société les deux moulins. Etienne Duhain céda vers 1844 ses parts à Augustin Herbecq, frère d’Elie. La famille Herbecq détentrice alors des deux moulins construisit en 1862 une ferme située 10 rue de Beaufort pour y entreposer le grain à moudre.

Eclaibes Le Grand Moulin vers 1900
Eclaibes Le Grand Moulin 2013

Le Grand Moulin à deux roues, quatre paires de meules continua d’être la propriété d’Elie Herbecq. Il décéda en 1878. Ses deux filles Elise et Marie Elisa mariées respectivement à Aimé Collet et à Alfred Deharveng en héritèrent. Ferdinand Gabet, meunier à Eclaibes, loua en 1892 le moulin pour 9 ans. A cette date les propriétaires  MM. Collet-Herbecq et Deharveng indivis firent une demande de réglementation « situé sur les ruisseaux des Cligneux et de Varennes ».

En 1906 le moulin était la propriété en indivis des héritiers d’Augustin Herbecq : son fils Henri et sa fille Marie qui occupait le moulin avec son fils Henri Dupont, meunier. Ce dernier y résidait encore en 1934 mais il avait cessé en 1928 d’y produire de la farine.

Eclaibes : Moulin à farine dit le Petit Moulin, auberge du Petit Moulin : http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/memoire_fr
Eclaibes Petit Moulin 2007

Le Petit Moulin, à une seule roue, était détenu en 1847 par l’autre frère : Augustin Herbecq. A son décès en 1889 ses biens revinrent à ses enfants Henri et Marie femme d’Alfred Dupont. Ceux-ci possédèrent par la suite aussi le Grand Moulin comme nous l’avons dit. Le moulin cessa de fonctionner en 1911.

Le bâtiment est aujourd’hui désaffecté après avoir été transformé dans les années 1980 en « Auberge du Petit Moulin ». Une importante digue maçonnée contient les eaux d’un vaste étang qui se prolonge au sud, vers le Bois du Temple.

Fait divers : un vol de 4 sacs de farine eut lieu les 12 et 14 mai 1810 au petit moulin d’Eclaibes détenu alors par le sieur François Dewez. Les soupçons se portèrent rapidement sur Philippe Loir journalier demeurant à la banlieue de Maubeuge. S’ensuivirent un mandat de dépôt le 25 mai et un mandat d’arrêt le 18 juin « en portant traduction de Philippe Loir devant un juri d’accusation comme prévenu d’un délit de nature à mériter peine afflictive et infamante ». Le 17 septembre de la même année le prévenu fut  condamné à douze années de peine de fer (travaux forcés) pour ce vol de farine . Avant de purger sa peine le condamné fut conduit sur la place publique de la ville de Douai  et attaché à un poteau en demeurant exposé au regard du peuple pendant six heures. Philippe Loir âgé de 68 ans décéda à Anvers le 16 juin 1812 à la Citadelle  (bagne d’Anvers dont les forçats furent utilisés pour l’édification d’un arsenal décrété par Napoléon Bonaparte en 1804).

Source : Archives communales de Maubeuge Série 3I 46 Jugement criminel 1793 – 1810. (13 jugements). Un merci très reconnaissant à Bruno BARANT membre de l’AGMAT  qui m’a très gentiment envoyé le document relatif à ce vol et la publication qu’il a effectuée le 12 mai 2021 dans la revue  de cette association.

Vous pouvez retrouver la description des deux moulins sur le site culture.gouv

LIMONT-FONTAINE :

Limont-Fontaine
Cadastre de Limont-Fontaine en 1846
Ancien moulin de Limont Fontaine 2013

François Dewez, fermier des moulins à Eclaibes, sollicita le Département en 1790 en vue de  l’érection d’un moulin à Limont-Fontaine au lieu-dit « le Grand Trieu » sur une « portion de bien commune » qu’il désirait « prendre en arrentement ». Le moulin fut construit immédiatement après avec l’accord de la municipalité. Il avait deux tournants, un pour la farine et un pour écoudre l’épautre. Il ne fonctionnait que 7 mois par an eu égard à la petite taille de la rivière.

François Dewez (1752 1816) loua le moulin à Georges Dewez en 1804, meunier à Limont, lequel décéda en 1822. La veuve de François, Marie Magdelaine Louvion loua le moulin en 1824 à son fils Joseph époux de Marie Joseph Dehavay.

Ce couple mourut en 1876 et leurs cinq enfants héritèrent du moulin à eau à trois tournants sur « le ruisseau des Clégneux, monté de trois paires de meules dont deux à faire de la farine et l’autre à usage d’écoussière ». Leur beau fils Antoine Rémy marié à Adellina Dewez était cité meunier sur le cadastre de 1878.

Benoit Joseph Collet, originaire d’Hautmont, fils de Ferdinand et  de Victoire Maitrepierre marié à Alméria Zoé Mary, acheta par la suite le moulin. Il le laissa à son décès en 1893 à l’âge de 45 ans à ses deux enfants mineurs Claire et Calixte sous la tutelle de leur mère. Suite à la vente par licitation en 1895 Hector Collart acheta le moulin auquel il ajouta une machine à vapeur. Il fut le dernier meunier puisque le moulin s’arrêta vers 1910 et démoli en 1926.

SAINT-REMY-DU-NORD :

Deux moulins ont vu le jour à Saint-Rémy-du-Nord : le moulin de Saint Rémy et le moulin des Reaux.

Saint-Rémy-du-Nord
Plan cadastral de Saint-Rémy-du-Nord en 1845

Le moulin de Saint Rémy :

Saint Rémy du Nord 2013

Philippe Carnois adressa le 16 octobre 1790 une requête aux administrateurs du Département pour faire bâtir un moulin sur les biens appartenant à la commune après avoir obtenu l’accord de celle-ci moyennant une redevance annuelle. Cependant le terrain communal n’était pas approprié et Carnois demanda alors l’autorisation de construire le moulin sur un de ses terrains. Fin mars 1791, sa demande n’étant toujours pas validée, il abandonna son projet. Il vendit alors en mars 1792 son terrain à Jean Baptiste Durieux. Ce dernier demanda en juin 1792 le consentement aux membres du directoire du département d’ériger un moulin. En 1801 François Caudron marié à Henriette Durieux acheta le moulin à Nicolas Dussart, meunier à Saint-Rémy-Mal-Bâti. François Caudron et son fils louèrent le moulin en 1823 et le vendirent vers 1838 à Jean Baptiste Colmant de Wargnies-le-Petit. Dans le bulletin des lois de la République Française est mentionné en juillet 1848, un arrêté du Président du Conseil des Ministres chargé du pouvoir exécutif qui règle le régime des eaux du moulin Colmant.

En 1867 son beau fils, Eusèbe Rémi Fauveau était le propriétaire du moulin qui fut démoli puis reconstruit vers 1877. Le couple Fauveau Colmant mit en vente aux enchères en 1892 puis en 1897 le moulin à trois tournants qui fut acquis par Ferdinand Gabez (1855 1928) marié à Eléonore Loyez (1857 1918). Très endommagé par la Grande Guerre il fut reconstruit mais cessa de fonctionner au décès en 1928 de Ferdinand. Les bâtiments existent encore de nos jours.

Le moulin des Reaux :

François Dewez, le meunier que nous avons déjà cité à Eclaibes et à Limont-Fontaine, demanda, toujours en 1790 et plus exactement le 11 novembre, l’autorisation de faire construire un moulin à Saint-Rémy-du-Nord. Cependant sa demande fut devancée de quelques jours par Philippe Carnois. Ces requêtes simultanées ont  très probablement différées l’édification de ce moulin qui dut intervenir vers 1812. Il fut cependant très vite converti en scierie de marbre par M Caudron en 1823. Celui-ci fit faillite  et la scierie composée de deux roues à pots actionnant soixante douze lames fut reprise par Isidore Toussaint d’Avesnes vers 1824. Au bâtiment de la scierie composé d’un étage servant de logement au propriétaire, fut attenant un atelier de marbrerie qui occupait 50 ouvriers.

En 1836 Auguste Pillion possédait la scierie qui fut mise en vente suite à son décès et achetée en 1852 par son locataire Jean Baptiste Levecq (1804 1885) marié à Clarisse Carnoy (1812 1868). Jean Baptiste Levecq mit à plusieurs reprises la scierie en location étant maire de Villers-sire-Nicole de 1854 à 1861 puis maire de Cousolre en 1870. L’Observateur du 17 août 1871 publia une demande de location de l’usine à marbre ayant « deux armures, une découpeuse, une plateforme et plusieurs foreries ».

La scierie fut reconvertie en moulin à farine vers 1880 par Eugène Collart marié en 1858 à Bachant à Aurélie Barbenson. En 1898 il fonctionnait toujours à l’eau. Il cessa de fonctionner vers 1940.