Le Ruisseau de Chevireuil et les moulins de Floyon

Floyon est traversé par un ruisseau appelé le ruisseau de Chevireuil dont la source se situe sur la commune de Papleux. Il est appelé ruisseau de Fontenelle dans cette commune avant d’arriver à Floyon. Il a une longueur de 10,2 Km en France et il se jette dans l’Helpe Mineure à Cartignies.

Les deux moulins sur le Ruisseau de Chevireuil

Le premier moulin lorsqu’on vient de Fontenelle s’appellait le Grand Moulin. Il était situé à l’intersection de la route de Floyon à Chevireuil et du chemin de ce hameau vers Fontenelle.

Ce moulin, alimenté par les ruisseaux de la Houssoye et du petit Floyon était déjà cité en 1246.Il appartenait au seigneur de Floyon qui devait payer une rente annuelle à l’abbaye de Liessies. En 1432 un procès opposa le sire de Floyon et les religieux.

En 1547 Jehan de Morchipont père demeurant à Maubeuge et Jehan de Morchipont fils demeurant à Maroilles louèrent pour 7 ans « le moulin et huisine de Cheviroelz » appartenant à Louis de Berlaymont seigneur de Floyon. Deux ans plus tard le moulin était pris en location par Hubert de Male, associé en 1551 à Philippe Lebrun. En 1572 Lion Bernard exploitait le moulin et obtenait en 1577 l’exploitation du moulin pour 6 ans. Décédé vers 1578, le moulin passait entre les mains du meunier Jean Courbet. Le 27 octobre 1597, les troupes françaises envahissaient la Terre de Floyon et incendiaient le moulin de Chevireuil appartenant à Martin de Behainne.

Le traité de Vervins signé le 5 mai 1598 mettait fin à la guerre. Au cours de la période de paix qui allait régner durant près de quarante ans, un second moulin fut construit vers 1633 dans les bas fonds situés entre la route de Cartignies et le Grand Chemin menant à Boulogne-sur-Helpe.

Le premier mai 1635 la guerre éclatait entre la France et l’Espagne et allait durer plus de 40 ans .Le 17 juin 1637 le village de chevireuil était ravagé et le grand moulin incendié. Le petit moulin subissait pareil sort vers la même époque. En 1646 un accord pour la remise en état du grand moulin était passé entre le seigneur de Floyon, Philippe François d’Aremberg et le meunier Nicolas de Marchipont. Peu après que le moulin fut rétabli, il fut de nouveau détruit en 1648-49 au cours d’incursions françaises. Les deux moulins de la terre de Floyon étaient d’ailleurs hors d’usage et il était urgent d’en rétablir un pour les besoins en farine des laboureurs et paysans qui demeuraient dans une campagne totalement ruinée. Ce ne fut qu’en 1659, à cause de l’insécurité qui régnait sur cette frontière, qu’un accord fut passé entre le seigneur de Floyon et le meunier Charles roche qui prenait en charge le Grand Moulin pour 12 ans à partir du 14 février. Il devait rétablir «  à ses frais le moulin, avec maison, chambre, estable en si bon estat qu’il estoit à la paix, à deux tournans au blé et à l’espeautre ». Roche recevait l’assurance que pendant la durée du contrat, « il ne sera rétabli à son préjudice, le petit moulin de Chevireuil ». En 1659 fut signé le traité des Pyrénées mais Floyon et Chevireuil restaient espagnoles ainsi que les villages voisins d’Etroeungt, Féron et La Rouillie. Tous ces villages étaient rattachés à la France par le traité de Nimègue en août 1678 ainsi que la terre de Floyon composée des villages de Floyon et de Chevireuil.

Peu après, en 1681, cette terre était vendue par la famille d’Aremberg à Jean Baptiste de Préseau, seigneur de Rainsart et Grand Bailli de la Terre et Pairie d’Avesnes. A peine était-il en possession de sa nouvelle seigneurie qu’il décidait la remise en état et la vente du petit Moulin de Sartaille à un particulier Jacques Dusart, marchand à Etroeungt le 13 septembre 1695. Il conservait le Grand Moulin exploité par André de lesteulle (1694), Laurent Carrez (1695), Jean Hédon (1702), Simon Bevièrre (1705-1713), Martin Bronchin (1713), Guillaume Lion (1727), et Sébastien Favergenne (1728-1734). Le 27 décembre 1746 le moulin était adjugé en location à Simon Bevierre de Buironfosse.

Au décès en 1785 de Louis Alexandre de Préseau, celui-ci n’ayant pas de postérité, sa terre fut achetée par Jacques Marguerite de Préseau, son cousin, seigneur de Dompierre et d’Hugemont.

Le 15 juillet 1791 Jacques Marguerite de Préseau renouvelait le bail du meunier Louis Dubois. Le moulin était toujours à deux tournants (meules), « l’un à moudre bled et l’autre servant à l’écoussière pour espeautre ». Le meunier ne devait lever pour droit de mouture qu’un seizième sur le blé et demi mouture pour l’espeautre. Il n’avait qu’une roue.

Le 3 mai 1816 François Louis Marguerite de Préseau le vendait à Pierre Crinon et Marie Catherine Crinon de Floyon, laquelle lui revendit sa moitié le 30 mars 1844. Pierre Crinon le louait à Olivier Souyez le 30 septembre de la même année.

Le 29 juillet 1844 une tempête s’étant abattue sur le village, le moulin fut fortement endommagé, la toiture étant presque entièrement détruite. C’est vraisemblablement à cette époque que cessa l’activité du moulin. A la mort de Pierre Crinon en 1861, sa fille  Lucie épouse d’Evariste Facon, propriétaire à Prisches  héritait d’un bien « en mauvais état ne pouvant plus servir de moulin ». En 1863 Evariste Facon en demandait sa réglementation. Le procès verbal de visite du 7 septembre 1863 précisait que la ventellerie se composait de deux vannes, que le moulin avait une roue à augets recevant l’eau par-dessus. L’ingénieur signalait que les vannes étaient trop étroites et qu’il y avait donc un risque de submersion de la route. Il proposait des travaux et notamment la construction d’un déversoir. Les travaux ne seront jamais exécutés et en 1871 le moulin n’existait plus en tant que tel et l’étang qui l’alimentait avait été asséché.

 

Sur la même rivière existait, nous l’avons signalé précédemment, un deuxième moulin appelé le petit Moulin situé en aval et ayant appartenu jusqu’en 1695 au même seigneur. C’est alors que le 3 juillet 1695 Jean Baptiste de Préseau « éclissait de sa seigneurie plusieurs biens dont le Petit Moulin » et vendait le 13 septembre de la même année ce moulin « couvert d’ardoises », à deux tournans à Jacques Dusart pour une somme de 6000 florins, monnaie de Hainaut, « 2000 écus payables comptant et les autres 500 aux Pâques prochaines ». Le 23 septembre 1700 la vente du moulin était confirmée avec en plus la cession d’un chemin descendant au dit moulin. Les Dusart de père en fils allaient assurer l’exploitation du moulin pendant plus d’un siècle et allaient payer la taxe la plus importante de toute la terre de Floyon. En 1792 Jacques Dusart déposait sa soumission pour l’achat de biens nationaux avec l’intention de joindre à ses propriétés et à son moulin les biens de l’Eglise de Floyon. Il faisait manifestement partie de la bourgeoisie locale. Il décédait le 16 septembre 1796 époux d’Henriette Leroy. Celle-ci vendait avec ses fils le moulin le 1er avril 1820 à Jean Baptiste Lebrun, propriétaire à Boulogne, qui lui-même le revendait le 28 septembre 1832 à son fils Jacques Lebrun meunier à Etroeungt.

Ce dernier demandait le 30 novembre 1839 le règlement de son moulin. La demande rendue publique pendant 20 jours entraînait une pétition d’une vingtaine de personnes, se plaignant que le meunier avait fait construire un pont en pierre et en brique qui les exposait  à de graves dangers en le traversant. L’ordonnance royale était finalement signée le 27 septembre 1842 et le procès verbal de visite des lieux du 15 septembre 1843 constatait que les travaux d’élargissement du bief avaient été exécutés.

Jacques Lebrun marié à Silvie Hédon avait cinq enfants dont Achille meunier au moulin lors du décès de son père le 19 mai 1875. Il fut le dernier meunier du Petit Moulin. En 1905 le bâtiment était rural et il n’en reste aujourd’hui que les fondations et quelques vestiges de sa chute d’eau.