La Tarsy et ses moulins

La Tarsy

Elle naît à Floursies et coule vers l’ouest dans une vallée encaissée et sinueuse. Elle traverse Dourlers, Saint-Aubin, Saint-Rémy-Chaussée, Monceau-Saint-Waast et rejoint la Sambre, rive droite, à Leval.

FLOURSIES :

Floursies
Floursies
Floursies 2013
Floursies 2013 Autre vue de l’ancien moulin

Le moulin de Floursies, dit de la Forgette, était avant la Révolution, comme son nom l’indique une forge. La bâtisse est d’ailleurs de faibles proportions comme les forges hydrauliques de cette époque.

Avant 1789 les habitants de Floursies devaient moudre leurs grains au moulin dit Banal de Saint-Aubin. C’est alors que la forge fut convertie en moulin à farine à deux tournants détenu par Maximilien Lecat, le même qui acquit le moulin de Cousolre.

Jean Joseph Moreau l’acheta vers 1798 et le revendit en 1802 à Antoine Renaux. Ce dernier mourut en 1834 et son fils Antoine loua le moulin successivement aux sieurs Lion en 1836, Duvivier en 1844 et Devez en 1845. La fille d’Antoine, Marie Emeline épouse de Jules Ansiau décéda en 1870 à Maubeuge et laissa pour héritiers son père et sa mère Hersillies Maillard. Sa succession comprenait un moulin à eau auquel était annexé une petite machine à vapeur avec deux tournants, l’un à usage de froment et l’autre à usage d’épeautre.

Le moulin garni de deux paires de meules fut vendu vers 1878 à Edouard Berlemont de Sémeries et à son épouse Léonie Bracq. Le meunier, Alexandre Rouly, fit faillite en 1895.

En 1897 Berlemont céda la propriété à Ferdinand Collart de Bettrechies qui la revendit en 1898 à Jules Ansiau veuf de Marie Emelie Renaux. En 1922 le moulin détenu alors par la fille, Emilina Hélène Ansiau, fut vendu à Alfred Achille Gravez, chaudronnier à Floursies. C’est à cette date que le moulin s’arrêta tandis que la roue en fonte aciérée par-dessus fonctionna jusque 1970 pour y actionner une barate à beurre. Le bâtiment qui a peu changé s’observe toujours dans la localité.

DOURLERS :

Dourlers
Dourlers 2017 : l’ancienne usine

Par arrêté préfectoral du 23 août 1856, on apprend qu’un moulin destiné à travailler le fer fut érigé à cette date par Auguste Brillet (1811 1865), négociant et maire de Dourlers. Cette usine a peut-être été transformée en brasserie par Ernest Demade mais sous toutes réserves.

SAINT-AUBIN :

Saint-Aubin

Saint-Aubin fut riche de deux moulins, l’un banal et un second dit « Le Petit Moulin » construit pendant la Révolution.

Le moulin banal :

Saint-Aubin le Moulin Banal

Il est très ancien car il est déjà cité en 1241. Il étendait son activité sur Dourlers, Floursies et Semousies. Il appartenait aux seigneurs de Dourlers. Bertrand Joseph Bady (1719 1788) marié à Marie Françoise de Baude de Rinsart, seigneur de Dourlers où il y  détenait le château, loua en 1784 le moulin à Joseph Lermusiau. Son fils Charles rentré d’émigration en 1796 récupéra le château mais pas « le moulin à deux tournants avec écurie, grange et bâtiment » qui avait été acquis en mai 1791 par Joseph Lermusiau (1736 1807). La veuve de celui-ci Colombre Potvin (1747 1819) loua en 1819 le moulin à son fils Félix (1791 1873) qui en devint la même année propriétaire. Hector, fils de Félix détenait le moulin en 1851 puis à son tour son fils Ernest Elvire (1851 1893). En 1871 et 1879 le moulin était occupé par le  meunier Léon Delevaque, celui même qui acquit en 1884 le moulin de Monceau-Saint-Waast.

Le moulin était équipé en 1908 d’une roue en bois à augets unique, de meules pour les céréales secondaires et de trois paires d’appareils à cylindres. Il resta dans la famille jusqu’à  sa vente en 1924 à Henri Vasseur qui fut aidé de ses deux fils Henri et Lucien. La roue fut remplacée en 1938 par une double turbine de 8 et 18 chevaux.

Lucien continua seul le métier en 1950 en rachetant le moulin. Il le vendit en 1963 à Pierre Delvallée qui se spécialisa dans l’alimentation pour le bétail jusqu’en 1973. Il est depuis 1976 une habitation en pierre bleue du pays.

Le Petit Moulin :

Saint-Aubin le Petit Moulin

Erigé vers 1790 au hameau des Bodelez par François Joseph Dewez époux d’Albertine Descamps, le moulin avait deux tournants. Il fut acquis en 1809 par Adrien Nocquet, négociant à Mons puis en 1812 par Pierre Cuisset de Saint-Rémy du Nord.

Jacques Cuisset loua le moulin à Florentin Fermeaux en 1815, puis à Jean Baptiste  Parmentier en 1818 et 1824, avant de le vendre en 1828 à Jean Baptiste Bernier époux de Michelle Lelong. Ceux-ci firent une donation-partage à leur fille Sophie mariée à Philippe Lecomte, laquelle fit de même en 1865 à sa fille Sophie épouse de Jean Baptiste Triquet.

La donation indique un moulin avec trois paires de meules.

Devenu la propriété de Clovis Liénard en 1891, le moulin brula en 1903. Il fut cependant reconstruit par Emile Lernould, exploitant de moulin à Saint-Aubin. Sa veuve Marie Léonie Leprohon le détenait encore en 1934 mais le moulin était une maison et un atelier de menuiserie : son beau fils Emile dit Maurice Rivaux, menuisier y travaillait. La roue alimentait alors toutes les machines à bois. L’électricité fut installée en 1947. La menuiserie s’arrêta en 1969 au décès d’Emile Rivaux et la roue fut démontée en 1979 par Jacques Lerat, le nouveau propriétaire.

Sur le pignon donnant sur la rue, une petite marquise, avec en dessous la polie, indique l’endroit d’où le meunier hissait les sacs de grain.

SAINT-REMY-CHAUSSEE :

Saint-Rémy-Chaussée
Saint-Rémy-Chaussée
Saint-Rémy-Chaussée 2013 Ruelle Margot

Le moulin de Saint-Rémy-Chaussée était aussi un moulin banal très ancien avec une poutre datée de 1618. Il appartenait au XVII siècle aux Druez, barons de Saint-Rémy. Jean Merchier marié à Catherine Bertran était le « moulinier de Saint Rémy La Chauchie » en 1651 et 1695.

En 1698 et 1701, le meunier se nommait Nicolas Deguielle marié à Anne Cornil.

Les embrefs de Saint-Rémy-Chaussée permettent de retracer les meuniers successifs :

Mars 1710 Jean Baptiste Pierart époux de Thérèse Victoire Paltrin.

Aout 1733 Nicolas Delwart.

Juillet 1734 et avril 1745 Jean François Carlier et son épouse Marie Anne Leleu : le couple habita Dompierre-sur-Helpe en 1756 et en 1760 Louvroil où Jean François était meunier.

Mars 1756 Philippe Joseph Demoulin  + 20/12/1767 50 ans (fils de Jean et de Marie Catherine Scarmeur), marié en 1745 avec Jeanne Marie Thomas +1757, puis remarié en 1759 à Monceau St Waast  avec Marie Joseph Mosnier.

Les actes d’état civil nous permettent de découvrir les personnes qui ont consécutivement été les meuniers dans cette localité :

Mars 1767 et Octobre 1781 Jean Baptiste Rivart marié à Marie Joseph Despret. Il était en 1763 meunier à Ferrière-la-Grande. Il demanda en 1778 une diminution de ses impôts, en vain  car l’intendant suivit l’opinion des échevins de St Rémy : ceux-ci démontrèrent que ce meunier était une des personnes les plus aisées du village en ayant acheté 3 rasières de terre sur une durée de quelques années et en louant trois rasières au seigneur du village à savoir M. De Préseau. Rivart fut meunier en 1783 à Landrecies

Septembre 1785 et avril 1789 Charles Monchy époux de Rosalie Culot.

Octobre 1792 Augustin Daune marié à Euphémie Marit.

Avril 1822 André Dewez et sa femme Célestine Barant.

Le marquis Claude Marie Bernard de La Coste (1769 1858), propriétaire du château de Sebourg possédait le moulin en 1808. Il demanda en 1833 la réglementation de son moulin et la construction d’un déversoir. A son décès il le laissa à ses deux enfants Adolphe, marquis de La Coste, propriétaire à Odomez et Christiane épouse du comte de Robersart demeurant à Nivelles. Un dénommé Voisin occupa le moulin de 1855 à 1864.

Le moulin fut vendu vers 1864 à Martin David Guilbert, lequel avait érigé sur la commune vers 1854 un moulin à vent. Vers 1890 Augustin Delevaque (1839 1914) marié à Elise Claidat acheta le moulin et lui ajouta une machine à vapeur. Ses deux fils Augustin et Paul prirent ensuite la succession. En 1931 Gérard Leignel acheta le moulin à Augustin. Il remplaça la roue par une turbine, les meules par des appareils à cylindres et ajouta un moteur diesel. Henri succéda à son père Gérard vers 1960, il arrêta la farine vers 1965 et la mouture vers 1975.

MONCEAU-SAINT-WAAST :

Monceau-Saint-Waast
L’ancien moulin de Monceau Saint Waast

Ce moulin était déjà nommé moulin du Becquereiau en 1622 où il appartenait alors au seigneur de Monceau le comte de Boussu. Henry Charles Alexandre vicomte de Franeau, comte de Fenal (1720 1759 Namur) le détint par la suite puis sa sœur Marie-Thérèse Pauline comtesse de Franeau (1722 1781). Il était situé sur le ruisseau Fontaine Nenain à 250 mètres du confluent avec la Tarsy (Tarsies). Charles Mousin et son épouse Gillette Delcourt en étaient les meuniers entre 1750 et 1771 puis Antoine Williot entre 1772 et 1799.

Il avait en 1789 une paire de meules à farine et une autre à écoudre l’épeautre.

En 1812 la veuve de Charles de Franeau, Madeleine Sophie Desandrouin (1737 1822) possédait ce moulin.

Augustin Lebeau, médecin à Maubeuge l’acheta vers 1822 et demanda en janvier 1836 d’établir une usine destinée à moudre le blé et à scier le marbre. Il fut autorisé à la construction en février 1837 mais les Ponts et Chaussées en avril de la même année s’y opposèrent. Ils imposaient au demandeur d’obtenir l’accord de tous les propriétaires riverains.

Il n’y eut pas de suite à cette demande.

Le moulin après avoir appartenu aux héritiers d’Augustin Lebeau décédé en 1854 fut acquis en 1884 par Léon Honoré Romain Delevaque (1841 1907), meunier auparavant à Saint-Aubin et marié à Amanda Oliviez (1841 1908). En 1912 le moulin détenu par leur fille Léona Amanda (1873 1939) et leur gendre Oscar Vitrant (1871 1924) cessa de fonctionner.

Le bâtiment existe encore de nos jours. Sur la droite se trouve un ensemble en briques avec un arc d’où jaillissait le ruisseau et qui abritait la roue à augets.

La Brasserie de Monceau-Saint-Waast

Sur la Tarsy signalons la présence d’une brasserie qui à la mort du fermier brasseur Auguste Lescaillez en 1833 fut reprise par Victor Vitrant. Il demanda en 1876 à établir un barrage sur la rivière en vue de la mise en marche « d’un touilleur et d’un concasseur à brai ». La retenue fut réalisée avec un déversoir. Vers 1902 ses héritiers vendirent la brasserie à Oscar Descamps. Son fils Fernand lui succéda puis ses petits-fils Pierre, Jean et Claude, ce dernier jusqu’en 1990. Après cette date, le lieu fut revendu et devint une société d’économie mixte dite « Sodeca et Aulnoye-Aymeries » et se nomma Brasseries de Monceau-Saint-Waast. En 1998 la communauté de communes du Val de Sambre réhabilita le site. Depuis 2001 la SARL Brasserie de Monceau-Saint-Waast y produit la bière l’Escampette. Le lieu se visite avec possibilité de restauration.

LEVAL :

Leval
Leval cadastre de 1861 avec le moulin au N°648
Leval 2013

Dans cette commune l’existence de ce moulin remontait à plusieurs siècles et était aussi banal. Il était en possession en 1822 du comte Marie Ferdinand Hilarion de Liedekerke, prince de Gavre (°1762 + 1841 au château de Noisy en Belgique). Le moulin à deux tournants était alors loué à Louis Joseph Recourty. Le comte vendit le moulin en 1826 à Joséphine Deblois, (1770 1829) propriétaire à Mons et veuve de Charles Alexandre Guillaume de Béhault, ancien avocat au Conseil Souverain de Hainaut (1767 1808). Sa fille Pauline (1796 1848) en hérita. Elle était mariée à Denis Ghislain Joseph de Rasse, baron, conseiller auditeur à la Cour d’appel à Douai, de 1811 à 1813, juge au tribunal civil de Nivelles, juge du tribunal civil de Mons dont il devint le Président. Son mandataire demanda en 1832 la réglementation du moulin de Leval. L’ordonnance royale fut signée le 20 juillet 1841. Le procès-verbal de visite des lieux eut lieu le 8 septembre 1847 et le procès-verbal de récolement signé le 23 juillet 1864. Au décès de Pauline en 1848, son frère et ses deux sœurs héritèrent du moulin.

Vers 1865 Léon Ghislain Bureau marié à Sophie Mathieu qui était le meunier occupant  acheta le moulin. Décédé en 1887, son fils Prudent (1851 1894) qui louait le moulin depuis 1878 le détint alors puis en 1896 sa fille mineure Léonie Sophie. Celle-ci se maria en 1900 à Albert Boussart, huissier à Avesnes. En 1914 le moulin équipé d’une turbine avec Jules Mangin comme meunier cessa de fonctionner, fortement endommagé par les bombardements.

En 1920 le bien fut vendu à la Société des forges de Leval Aulnoye.

Il ne reste aucune trace du moulin et des trois vannes, la seconde guerre mondiale ayant détruit cette cible qui produisait alors de l’électricité.