Les étangs de Trélon et leurs moulins

Trélon se voit traverser à l’extrémité sud de son territoire par l’Helpe Mineure qui y faisait tourner deux moulins : celui de la Carnaille et une scierie (cf. L’Helpe Mineure et ses moulins).

A Trélon des moulins furent érigés à partir de trois étangs reliés les uns aux autres. Le premier, celui de la Folie bien que situé à Wallers-en-Fagne alimentait, via un canal et un aqueduc en bois construit vers 1785 et long de 1500 mètres, le Grand Moulin. Le second étang appelé l’étang de la Fontaine ou étang de la Picquerie, aujourd’hui asséché, faisait tourner un moulin à tan. Enfin le dernier étang dénommé étang du Hayon permettait l’utilisation de forges et fourneau. De cet étang coulait « le courant de la Chenelle » qui activait la forge de Laudrissart.

Trélon

Ces deux moulins et ces deux forges appartenaient à l’époque révolutionnaire au comte Maurice Charles Ghislain de Mérode, marquis de Westerloo, prince de Rubempré et d’Everberghe (1762 1830 Bruxelles). Après avoir émigré il récupéra ses biens le 27 avril 1807. Le procès verbal d’adjudication sur enchères de domaines nationaux nous permet d’en connaitre leurs descriptions que nous transcrivons ci-après.

Le Grand Moulin

Le Grand Moulin de Trélon
Trélon Moulin banal 36 Rue François Ansieau
Trélon Moulin banal 2013

« Un grand moulin à blé, avec biez, logement de meunier, écurie et jardin, contenant ensemble 53 ares, situé à Trélon, section des jardins à pâtures Madame mu par l’eau ».

Ce moulin fut reconstruit en 1849 par le comte Félix de Mérode. En 1860 le comte Werner Marie Guislain de Mérode demeurant à Maiche dans le Doubs en était le propriétaire. Il loua à M Letoret ce moulin «  à farine mû par l’eau, composé de trois paires de meules montées à l’anglaise ». En 1908 Fréderic De Mérode était nu propriétaire par Hermann De Mérode. Le moulin fut frappé par la foudre en 1931 et il en reste aujourd’hui des bâtiments dont la partie la plus ancienne se trouve sur la droite.

Le Moulin à Tan

Le Moulin à Tan (Rue François Ansieau près du centre d’incendie et de secours Arthur Hardy)

« Moulin à moudre écorces à broyer dit le petit moulin, à un seul tournant composé d’un bâtiment de 6 m2 environ mu par l’eau de la Fontaine de Trélon ». Il était à 300 mètres du Grand Moulin et suivit la même destinée. Il avait une roue en-dessus et la chute d’eau était sur la gauche de l’édifice. Celui-ci  existe encore de nos jours. La petite ouverture dans le muret de gauche coïncide avec la sortie de l’eau et donne une idée de la hauteur de la retenue.

La forge et le Fourneau du Hayon

La scierie du Hayon
l’ancienne forge du Hayon devenue scierie de marbre

« Le fourneau du Hayon situé à la tête de l’étang de ce nom avec sa chippe ou serre à charbon, le magasin de poterie et la boutique du mouleur en terre et la forge du Hayon, y joignant, consistant en une affinerie, chippe, maison du facteur, et le terrain dit aux crasses qui entoure la dite forge et le fourneau ».  L’’étang de Hayon avec les digues contenait « en superficie 29 hectares 17 ares 88 centiares, les coulants d’eau et canaux qui servent à la conduire d’une usine à l’autre ».

L’étang du hayon formait donc un réservoir important où en 1772, une forge et un fourneau avec deux roues, détenus par le comte Mérode Vesterlot, étaient exploités par Hilaire Despres. En 1851 le site était encore en exploitation, « les hauts fourneaux du Hayon contigus et formant un seul ensemble avec deux bonnes souffleries hydrauliques…plus une forge à battre fer ». En 1863 Mrs  Ansiaux, Raux et Cie en étaient les locataires. En 1875 une scierie mécanique de bois se substitua aux forges. En 1898 elle brûla et fut reconstruite. En 1908, comme les deux autres moulins Fréderic De Mérode était nu propriétaire par Hermann De Mérode, usufruitier. Cette scierie continua de rester dans la famille avec en 1933 Philippe et François de Mérode en indivis. En 1950 De Mérode de Gontrant Biron Philippe, prince à Paris XVI e la possédait. Elle comporte encore un ensemble de bâtiments en pierre bleue dont l’ancien atelier de sciage qui ressemble à une grange. La vanne de l’étang permet une vidange complète.

La forge de Laudrissart

La Ferme de Laudrissart

« La forge de Laudrissart avec la chippe logement du facteur, et le terrain sur lequel le tout est construit, situé à un quart de lieue et au-dessous de la précédente des dits moulins et usines garnis des objets mobiliers et ustensiles servant à leur exploitation estimés par procès-verbal du 20 floréal an onze déposé au bureau du receveur des domaines de Trélon ».

En 1772, cette forge détenue par le comte Mérode Vesterlot, était exploitée par Huffety d’Etroeungt. Elle changea de destination en 1881 pour devenir une scierie de marbre gérée par une société fondée par Mrs Delforge et Nicolai. En 1908 le comte Hermann de Mérode la possédait. En 1914 elle fut partiellement démolie et on y construisit une ferme. Celle-ci appartenait encore en 1943 à la marquise Albertine De Mérode épouse d’Amédée Fernand Clermont Tonnerre. Cette ferme est toujours présente.