Le Ruisseau de la Belleuse et ses moulins

Long de 9 km, La Belleuse prend sa source à Solre-le-Château, traverse Felleries et se jette dans l’Helpe Majeure à Sémeries.

Felleries

1 Le moulin de la Place ou des Bois-Jolis

Moulin des Bois-Jolis 1975
Moulin des Bois-Jolis 1983
Moulin des Bois-Jolis 2000
Moulin des Bois-Jolis 2012

L’actuel moulin des Bois Jolis dénommé auparavant moulin de la Place est situé au centre du village, sur la Belleuse. Il est créé le 10 avril 1534 par Louise d’Albret, qui le reçoit de Jehan Pillot. Il devient la propriété de l’église collégiale Saint-Nicolas d’Avesnes pour deux tiers, l’autre tiers appartenant à une famille noble laïque, et ceci jusque la Révolution.

Charles Monsin en est le meunier en 1764 puis Pierre-François-Joseph Charon, demeurant à Froid chapelle (Belgique) en 1785. C’est alors un moulin à deux tournants dont l’un faisant épeautre.

Il est mis en vente comme bien national le 18 mai 1791, en même temps que le moulin du Rayt. Les deux moulins sont acquis par Pierre-François-Joseph Charon au prix de 17.800 livres de France. Sa veuve, Marie-Anne Bouvier, née à Walcourt, loue le 19 floréal An XI les moulins à Pierre-François Sandrart. A son décès le 8 octobre 1808 à Beugnies, les deux moulins reviennent à ses enfants dont Pierre qui les loue  à Antoine Charon le 19 mai 1825, puis à un nommé Crappé le 23 juillet 1831.

Pierre-Joseph Charon meurt le 2 août 1832 laissant les moulins à sa veuve Amélie-Joseph Guénin, qui les vend à Modeste Lenglois le 17 décembre 1832.

Alexis Bourgeois veuve de Modeste Lenglois les loue puis les vend séparément.

Le moulin des Bois Jolis est acheté par Désirée-Victoire Michel veuve de Louis Dubois. Celle-ci décède à Felleries le 4 mars 1858 et ses enfants Victor, Louis, Jules, et Victoire héritent du moulin et de la brasserie. Un partage du 28 juin 1865 laisse le moulin et la brasserie à Jules et Victor.

Le moulin cesse son activité en 1880. Il sert alors d’écurie et d’habitation pour la brasserie voisine.

En 1975 une exposition dans le village est consacrée aux « Bois Jolis », ces petits objets en bois tournés, bobines, quilles ou crécelles dont Felleries fut un haut lieu pendant longtemps. Le succès est tel qu’une association les « Amis de Felleries et des Bois Jolis », rachète le moulin à eau pour le transformer en musée de la boissellerie. L’ARAM va redonner vie à ce moulin en y faisant fabriquer les deux roues en bois, l’une en 1976 et l’autre en 1982. Elles servent à la fabrication de la farine et le fonctionnement d’un tour à bois. Elles sont par la suite remplacées par des roues en métal et inaugurées en 2004. De nos jours le moulin est communal et on peut encore y admirer son bâtiment, son écurie, le bief et sa chute d’eau.

2 Le moulin du Rayt

Moulin du Rayt 1900
Moulin du Rayt 2013
Moulin du Rayt 2018
vanne du moulin de Rayt 2018

Le moulin du Rayt, du nom du lieu-dit est comme le précédent un moulin banal. Ce second moulin d’un seul tournant est construit en 1771 par le chapitre Saint-Nicolas d’Avesnes sur une décision du Conseil de Monseigneur le Duc d’Orléans.

Il suit la même destinée que le précédent, jusqu’à sa vente le 25 mars 1846 par Alexis Bourgeois veuve Lenglois, à Théodore Constant Parmentier, meunier à Sémeries. Celui-ci vend la moitié du moulin à son fils Zéphir Parmentier en 1858. Zéphir marié en 1860 à Marie Josèphe Coutelier l’exploite pendant plus de 40 ans. Le moulin est à tan et à céréales, garni de deux paires de meules. En 1901 le moulin appartient toujours à Parmentier Coutelier  mais il est loué à Paul Sarazin. Il est finalement acquis par Jean Baptiste Deparis marié à Marie Joséphine Trempont. Le moulin cesse son activité vers 1939. Les roues sont alors démontées. Dans les années 1970 1980 le mécanisme et ses engrenages sont encore visibles avant d’être retirés progressivement.

Le bâtiment existe encore de nos jours avec sa belle ventellerie en pierre de taille, presque identique à celle du Moulin de la Place. Cette belle demeure complétée de prairies et d’étangs ne manque pas de charme.

3 Le moulin du bois de la Villette

Moulin du Bois 2018

Pierre-Joseph Sandrart et André Sofas demandent en 1754 l’autorisation de faire construire un moulin à pot à deux tournants au bois de la petite Villette. Le chapitre Saint-Nicolas va s’y opposer mais la construction sera entamée et terminée après la Révolution. En effet le beau bâtiment porte une pierre qui indique : « ce moulin deja entrepris par Jacques Baudart fut fini 1790 ».

Jacques Baudart accorde le moulin en location à Gilles-Joseph Sandrart le 3 août 1792.

Le moulin va alors connaitre plusieurs propriétaires en quelques années. En effet le 7 nivôse An VIII Louis Godefroy d’Avesnelles loue le moulin à Alexis Foucard. Le 4 nivôse An XII Jean-Baptiste-Joseph-Augustin Mallet vend le moulin à deux tournants au comte Gabriel-Louis-Joseph Despiennes d’Asseyent. En 1813 Louis-François Merlin d’Estreux baron de Maingoval époux d’Aimée-Françoise-Louise-Joseph Perdry en sont les propriétaires et ils le louent à Louis-François Mercier, le 6 avril 1823.

Après leur décès en 1824 et 1860 les héritiers sont leurs enfants Félix-Guillaume Merlin d’Estreux, chevalier de Maingoval, ancien capitaine d’artillerie, propriétaire à Douai, Prosper-Louis Merlin d’Estreux, propriétaire au château de Douchy près de Valenciennes, Fortuné-Joseph Merlin d’Estreux de Maingoval, propriétaire à Paris et Désirée-Thérèse Merlin d’Estreux de Maingoval épouse de Louis-Charles du Temple de Chevigny, propriétaire au château de Marmoulin commune de Chaudon (Eure-et-Loir) (7). Prosper-Louis meurt le 13 janvier 1872 à Douai, laissant pour seuls héritiers, chacun pour moitié, Félix-Guillaume et Désirée-Thérèse.

Le moulin s’arrête vers 1900 et appartient en 1901 à De Bertier de Chézelles à Glaines (Oise) puis de 1928 à 1930 à la comtesse De Bertier de Sauvigny à Compiègne.

Sémeries

La Belleuse faisait tourner avant 1789 une foulerie à Sémeries.

Alexandre Poucet, rentier à Solre-Libre (Solre-le-Château), la détient en appartient en 1813 puis Benoit Delcambre vers 1840. En 1856 elle est transformée par les frères Mercier de Felleries en scierie mécanique mue par une roue hydraulique.  Elle est pourvue de scies verticales et de scies circulaires montées par M Decamp mécanicien à Cousolre. En mars 1857 l’établissement industriel appartient à MM. Michel père et fils, qui le dirigent.

Mais le 5 février 1866, Edouard Berlemont propriétaire-cultivateur à Sémeries proteste de la surélévation des eaux du bief de la scierie de Pierre Dupont située sur le ruisseau de Felleries. Elles se répandent dans les écuries de la ferme et dans la cave de la maison situées en amont à 80 mètres.

De cette protestation s’ensuit une visite de l’ingénieur le 27 février qui dans son rapport indique qu’il convient de mettre M. Dupont en demeure de demander la réglementation de son usine .La mise en demeure est signée le 26 mars. Pierre Dupont demande le 4 janvier 1867 à se conformer à l’arrêté du 21 mai. Le 12 janvier, le sous-préfet ordonne l’enquête de 20 jours, puis une deuxième du 24 octobre au 7 novembre. L’ingénieur qui se rend plusieurs fois dans la cave du plaignant ne constate pas d’eau, qu’il réitère dans son rapport du 30 septembre 1867, en proposant en outre de construire un déversoir. Le maintien du moulin est autorisé par arrêté du 15 novembre 1867.

Elle devient ensuite en juillet 1877 une filature de laine peignée sous le nom de J. Dubray & Compagnie.

Mais la société Dubray et Cie existe à peine trois ans car elle est dissous en février 1880. La filature de laine est alors vendue à MM. J. Hiroux-Dupont et Cie, manufacturiers à Sains-du-Nord.

Ce n’est que le 6 octobre 1891 que la réunion a lieu sur place pour dresser le procès-verbal de récolement, le propriétaire est alors la veuve Jules Hiroux. La roue a été enlevée et le déversoir n’a pas été construit, mais les vannes de décharges sont en place, le repère n’a jamais été posé.

Il est mis en vente en juin 1898 sans succès puis encore à plusieurs reprises en 1900. Il est cependant déjà en ruine. Il n’en reste plus aucune trace.